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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Volontariat #7 - Finca Paz y Flor



Ultime étape sur le continent Américain et unique pays que nous visiterons en Amérique du Sud, nous posons le pied en Colombie le 18 juillet où nous resterons 2 mois avant de décoller pour la France. Coup de cœur de nombreux voyageurs que nous avons croisé, nous sommes impatients de découvrir la réalité d’un pays dont la réputation le précède (trop) souvent. Violences, drogue, FARCS, d’un côté, salsa, cumbia, Shakira de l’autre, la Colombie ne manque pas d’attraits et de secrets dont nous espérons pouvoir comprendre l’essence et la véritable ampleur.


Après quelques jours d’acclimatation à Bogota où nous retrouvons Natalia, notre copine du Guatemala, nous partons pour La Vega, dans le Cundinamarca, à 1h au Nord de la capitale, où nous attendent Giovana et Javier à qui nous allons donner un coup de main pendant une semaine.


Giovanna, médecin de formation et Javier, son mari, se sont lancés il y a quelques années dans un projet de ferme écolo principalement tournée vers le maraichage. Aidés de Daisy, une employée de caractère et de quelques volontaires, l’exploitation, perchée dans les montagnes verdoyantes de la région, se développe et grossit au fil des ans. Le projet est ambitieux et prévoit de fournir aux particuliers directement des produits bios et locaux. Associée en coopérative avec d’autres fincas autour de Bogota, celles-ci promeuvent un commerce en circuit-court avec des produits de qualité qu’elles écoulent auprès de consommateurs résidents principalement dans la capitale. Dans le cadre de ce projet, Giovana s’est reconvertie par la force des choses en administratrice de la coopérative, pendant que Javier continue d’aller travailler la semaine à Bogota auprès de l’agence gouvernementale pour la gestion des terres agricoles. C’est une pointure.


Ainsi donc, Giovana, Javier et leurs deux garçons, Manuel et Salomon nous attrapent au bord d’une route après les matchs de foot du samedi matin que les enfants ne rateraient pour rien au monde. Dans la voiture, la glace est vite brisée, les deux graines de champion, âgés respectivement de 8 et 6 ans, nous racontent leurs exploits de la matinée. Pas de doute, ce sont des fans de foot !


Sitôt arrivés, nous faisons la rencontre de Samuel, français et volontaire lui aussi qui nous a préparé un bon déjeuné à base de burgers végétarien de très bonne facture que nous engloutissons dans l’immense séjour, complètement ouvert sur l’extérieur par une baie vitrée gigantesque.


Surplombant la vallée, la maison dont le style nous évoque l’architecture des années 60-70, se fond dans un décor fantastique dont nous ne cesserons pendant la semaine d’admirer la beauté. Montagnes à pics, pentes douces, prairies, forêts, arbres fruitiers, cultures, tout est concentré dans un même panorama franchement beau. Difficile d’être plus clair.


Les deux premiers jours sont assez tranquilles, nous jouons au foot avec les enfants, nous baladons et nous baignons dans la rivière plus bas et donnons un petit coup de main dans le potager aux côtés de Javier et Giovana. Les questions vont bon train, et nos hôtes nous partagent avec plaisir l’historique de leur projet et les modalités de leur mode de vie pro et familial assez atypique. Bien sûr si nous sommes là c’est en partie parce qu’on les a identifié en amont comme proposant quelque chose d’intéressant et dont nous pourrions tirer des idées et des réponses à certaines problématiques. Mais, en l’occurrence, Javier et Giovana sont vraiment de très bons interlocuteurs et pédagogues et prennent le temps de nous expliquer un peu tout. Par exemple, puisque les enfants ne vont pas à l’école, nous les interrogeons sur la manière dont ils assurent l’apprentissage des fondamentaux, lecture, écriture, calcul, alors qu’il n’y a pas de cadre établit, aucun programme, pas d’heures de classe fixées dans la journée. Très curieux et vifs, ils nous étonnent par leurs facilités, leur autonomie et leur aptitude à penser et comprendre les choses tout en restant des enfants normaux avec des soucis d’enfant. Libre de décider ce qu’ils veulent faire, une auto-discipline s’exerce et bien qu’il y ait télévision et ordinateur, ils passent plus de temps dehors que dedans, lisent, jouent et participent à la vie collective. Javier et Giovana, bien que très attentifs à leurs enfants, affichent une sérénité et une décontraction qui semblent offrir l’équilibre nécessaire à l’épanouissement des garçons. L’accueil de volontaires entre aussi dans ce schéma d’apprentissage puisque cela incite les enfants à s’ouvrir et à interagir avec l’autre, très souvent étranger, filles et garçons, bilingue ou débutant. Bref, pour le moment c’est une réussite, on ne sait pas bien si on aurait les épaules pour faire la même chose.


Pendant la semaine, alors que Javier est à Bogota, Giovana et Daisy travaillent avec nous ou nous supervisent. Nous passons les premiers jours à désherber à la main une partie des plantations et à pailler le sol afin de limiter la pousse de mauvaises herbes. On se familiarise avec les différentes variétés de légumes, de fruits ou d’arbres et avec les deux chiens Lola et Pluto qui ne sont jamais loin. La seconde partie de la semaine nous défrichons, plantons du manioc et cueillons les légumes destinés à la vente. Face à notre lenteur, Daisy doit être un peu désolée, on a l’air de gamins tous les trois. Giovanna nous parle des travaux à entreprendre dans les semaines futures, une boule de feuilles de coca coincée dans la joue qu’elle chique de longues heures. Elle a gardé cette habitude depuis le séjour de 4 ans en pleine forêt amazonienne où elle a fait son internat de médecine. Utile pour supporter l’altitude, la coca stimule la fluidité du sang. Rien à voir avec la cocaïne, dérivée de la feuille de coca, certes, mais dont la concentration est des milliers de fois plus importante. Gros bonus de cette semaine de volontariat, le camarade Samuel, avec qui nous partageons le quotidien. Responsable du service Arbres de la Métropole de Bordeaux, il a pris une disponibilité de 6 mois avec sa compagne Pauline pour voyager en Amérique du Sud. Alors que Pauline s’essaye au voyage en solo pendant 2 semaines et est allée s’adonner à sa passion, la plongée sous-marine, Samuel réalise ce second volontariat pour parfaire son expérience dans l’agriculture raisonnée. Bon vivant et rigolard, ce fanfaron n’en manque pas une et nous communique sa bonne humeur que trahit ses yeux rieurs. On accroche très vite !


Samuel, d’ailleurs, qui renoue avec la musique le temps de ce volontariat puisque Javier est un très bon guitariste et chanteur et Manu un batteur en devenir. A peine une année d’exercice et voilà qu’il exécute des duos avec son père, pas mal du tout ! Salo, parfois aux maracas ou au tambour, écoute attentivement et on perçoit dans ses yeux de l’admiration et beaucoup d’envie. Le petit a du caractère. Les nombreuses parties de football dans le jardin l’auront démontré à multiple reprises, les personnalités des deux garçons se révélant plus entièrement. Manu, patient et attentif face à ce jeune frère sensible, un brin susceptible, à la recherche de la considération des grands, mais très attachant. Alors que la Coupe du Monde est fini depuis peu, les deux garçons sont encore à fond dedans et n’arrêtent pas d’en parler, apprenant par cœur les dates, les équipes et les fiches de chaque joueur, toute nationalité confondue. Très bon exercice de mémorisation !


Petits et grands, tout le monde met la main au fourneau, Salo casse les œufs, étale la pâte, Manu coup les légumes du jardin. Giovana nous fait découvrir de nouvelles saveurs, tel que le concombre cuit, les chacha frutos, le yaku et différents jus. On innove.


Après une semaine dans ce cadre chaleureux et simple, il nous est difficile de partir. On regrette bien de quitter cette jolie famille et notre ami Samuel. On aura toutefois bien profité de lui pour lui soutirer quelques idées pour la suite du voyage en Colombie. Nous quittons régénérés la Finca Paz y Flor, qui porte décidément bien son nom, direction Villa de Leyva, un peu plus au nord.


Adios Javier, Giovana, Manu, Salo et Daisy.


A écouter, une chanson que Manu aime beaucoup, Calle 13 – Latinoamerica.



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