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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Laos #1 – Les fantastiques paysages du sud



Du 6 au 18 mars


C’est de bon matin et à la fraiche que nous prenons la direction du Laos, situé à 60 km de Stung Treng, dernière ville avant la ligne de démarcation côté cambodgien. Malheureusement, le passage de frontière n’est pas réputé être une partie plaisir en raison de l’appétit pour les billets verts des agents de l’immigration. Les bus étant rares et de mèche avec eux, les passagers sont contraints de payer les différentes petites arnaques et pots de vin en plus du visa. Un tampon par ici, une visite médicale bidon par là, des frais de dossier sans dossier. Faute d’alternatives et sans bus, taxis ou tuktuk qui attendent derrière le poste laotien, difficile de se rebiffer sans risquer de voir son bus partir sans vous. Cependant, comme on a du temps et qu’on a pas envie d’être les dindons de la farce d’un système de bonhommes sans scrupules, on décide de voyager par nos propres moyens et tentons notre chance en stop.


Ainsi, après avoir épuisés les sites et forums débattant du sujet, notre plan d’attaque est dessiné. Pour commencer, nous marchons près de 4km avant de nous poser au bord de la route à un endroit stratégique sur l’unique route qui monte vers le Laos. Sur le chemin nous avons réussi, et non sans peine, à faire écrire « Laos » en khmer sur notre carton par la tenancière d’un petit restau. Nos tentatives précédentes s’étant soldées par des échecs, nos interlocuteurs ne comprenant pas l’idée de faire du stop, certains, confus, nous traçant le chemin à prendre pour arriver au Laos à pieds. Au bout d’un petit quart d’heure à alpaguer les quelques pickups qui s’aventurent sur cette route, un gros camion s’arrête finalement. Les deux gars parlent pas un mot d’anglais mais nous installent gentiment sur la couchette arrière. On met tout de même 45 minutes à repartir pour cause de pépin technique. Malgré les réparations le camion continue de cracher d’énormes nuages de fumée noire sur les 60 km qui suivent, l’engin n’est pas tout neuf. En tout cas, ça y est on est en route !


Il est 11H quand nous arrivons au poste cambodgien. L’agent nous demande 2 dollars pour notre tampon de sortie sensé être gratuit. Nous répondons avec le sourire que nous n’avons rien d’autre que le compte juste pour le visa laotien. Il tente tout de même sa chance en nous demandant si nous sommes venus en bus. Nous répondons que non. Hop, notre passeport est tamponné, alors qu’à côté un petit groupe s’échauffe de se voir imposer cette taxe surprise. Côté laotien même histoire sauf que cette fois-ci ils sont plus insistants et gardent nos passeports un moment arguant on ne sait pas trop quoi. On s’éloigne et attendons sans discuter. Notre patience finit par payer puisqu’ils nous tendent finalement nos passeports sans un mot. On est tout contents surtout qu’on s’attendait à beaucoup plus de difficultés. Nous avons de la veine, les matinées sont plus clémentes. Mais passé le poste frontière, c’est le calme plat, pas une voiture, pas un bus, rien à part un gars qui veut nous plumer. On avance donc un peu et notons un camion à l’arrêt. Le chauffeur accepte de nous prendre à bord et nous passons les 15 derniers kilomètres avec lui et sa femme, adorables, ils nous partagent leur déjeuner, sticky rice et amandes. Trop sympa !


On arrive finalement à l’embarcadère pour les 4000 îles en début d’après-midi après un trajet bien plus convivial que prévu quoique fatigant. Le soir même nous retrouvons François et Mathilde avec qui on va passer les 10 prochains jours à explorer le sud du Laos.



4000 îles, labyrinthe en cascade


Les 4000 îles, voici encore une jolie surprise que nous réserve le Mékong dont nous ne quittons plus les abords ces derniers temps. A cet endroit, le lit du fleuve s’élargit considérablement et accueille une multitude d’îles et îlots plus ou moins immergés selon la saison. Le paysage, paisible à première vue, se révèle beaucoup plus sauvage et tranché qu’il n’y parait. A l’intérieur des îles, les terres sont brûlées et arides alors que sur leurs rives, les eaux du Mekong irriguent généreusement la végétation verte et foisonnante. Les tourbillons à la surface de l’eau trahissent quant à eux les courants puissants et imprévisibles du géant qui s’écoule à côté de nous. Il n’est pas conseillé de s’y aventurer à part dans des zones bien précises et réduites. Mais surtout ce que cache ce calme apparent, cette chaleur écrasante, ce plat paysage constamment baigné d’un léger voile de poussière vaut bien de s’y attarder. Plusieurs bras du Mékong plus étroits et agités se transforment en véritables torrents, les eaux vives et blanches d’écume s’écrasant sur les rochers escarpés et massifs qu’elles rencontrent sur leur chemin. D’impressionnantes cascades naissent de cette nature déchainée et superbe.



Accompagnés de nos deux acolytes que rien n’arrête pas même 25 heures de voyage, nous profitons de cet environnement à la fois énergique et lent, aquatique et terrestre en alternant balades, baignades et siestes au bord de l’eau. Pas bien compliqué comme programme. A notre grande surprise on ne croise pas grand monde sur les îles mis à part lors de l’excursion pour la cascade de Khon Phapheng, la plus grande, où quelques bus de chinois assurent l’animation. Impossible de nous y rendre à pied ou en pirogue en raison des forts courants. On s’alloue donc les services d’un tuktuk pour la dizaine de kilomètres qui nous séparent de la cascade, aller et retour. Mais ô surprise, une fois ressortis du site, aucun signe de notre tuktuk et aucun autre véhicule n’est disponible pour nous reconduire. On attend un moment avant de se résigner à rejoindre la grande route pour faire du stop. On ne comprend pas bien notre chauffeur que nous n’avions évidemment pas encore payé. Une petite sommes tout de même. Tant pis, sous le cagnard de midi nous alpaguons les pick-up et camionnettes et après quelques minutes d’attente, l’une d’elles s’arrête, nous fait monter sur sa remorque et nous conduit jusqu’à l’embarcadère ! On a beau scruter la route, pas signe de notre tuktuk.



Notre passage aux 4000 îles est fort agréable. Notre logeuse est adorable, on se régale de ses petits plats et elle n’est pas la dernière à apprécier le saucisson que François et Mathilde nous ont apporté. Bon par contre on commence à faire une overdose des petits panneaux de bois avec des mantras à la mord moi le nœud dont toutes les échoppes du coin tapissent leurs murs. Il est temps d’y aller.



Paksé, sympathique étape de rodage


Tassés dans un mini van où il fait une chaleur de four, on met à peine 4h qui en paraissent le double pour rejoindre Paksé. Une fois la chaleur un peu retombée et le logement trouvé, on part se balader et longeons le Mékong, toujours lui. On passe la soirée au milieu de jeunes laotiens et de familles plutôt aisées qui se retrouvent pour boire des bières (avec glaçons) et des cocktails fluos dans un genre de night market branché.


Le lendemain nous partons d’assez bon matin pour aller barouder dans les environs et laisser le temps à François de se roder un peu à la conduite du scooter. Premier arrêt au marché central où l’on prend le petit dej et faisons quelques courses pour le pique nique. Le marché est à l’image des marchés asiatiques, animé, grand et coloré. On goute à de merveilleuses gaufres garnies de maïs et délicieusement parfumées. 40 km plus tard, après avoir visité une petite plantation de café nous roulons jusqu’à une cascade vertigineuse. Entouré de jungle, le panorama est très beau. Des tyroliennes partent de notre belvédère pour rejoindre l’autre côté de la vallée où se trouve la cascade. Quelques laotiens s’élancent devant un public nombreux qui les encourage. On poursuit notre promenade en allant à une seconde cascade où cette fois-ci on peut se baigner. Moins haute mais toute aussi impressionnante et très jolie, cette cascade se glisse dans un creux entre deux montagnes à la végétation luxuriante. Des arcs-en-ciel se dessinent dans l’eau projetée vers le bas. C’est splendide. On plonge tout habillés (question de décence) dans le bassin et nageons vers la chute où l’on se fait littéralement assommer par la force de l’eau. Une ambiance sympathique règne dans ce coin de nature, repère de familles et de groupes d’amis.



Nous ne nous éternisons pas plus à Paksé car nous souhaitons réaliser une boucle de 4 jours à scooters au centre du pays. Nous montons à bord d’un bus local plutôt vétuste pour rejoindre notre nouvelle destination, Thakhek. Le moins qu’on puisse dire c’est que le voyage est animé entre le ballet des vendeuses de brochettes de viande qui s’engouffrent à 10 en même temps dans le bus et les arrêts de plus ou moins longues durées décidés par le chauffeur. 11h plus tard, les corps fourbus, nous voilà enfin à Thakhek où l’on tourne un moment à la recherche d’un lieu où crécher. On dine sur le pouce au night market proche de l’hôtel qui se révèlera être fatal pour François et Mathilde. Nos 2 compagnons restent cloués au lit deux jours durant. On retarde d’un jour notre boucle à scooter pour qu’ils aient le temps de se retaper un peu même si le diable va leur tenir au corps presque jusqu’au bout. La poisse.


Quant à nous deux nous profitons tout de même de la ville et de ses alentours proches où l’on découvre d’immenses étendues de rizières d’un vert pétant, des montagnes karstiques et des lagons d’eau turquoise. Traçant la frontière avec la Thaïlande voisine, nous passons du temps au bord du Mékong duquel nous apercevons la vie thaïlandaise suivre elle aussi son cours de l’autre côté.



La boucle de Thakhek, une virée spectaculaire


Toujours un peu faiblards mais motivés, François et Mathilde sont prêts à reprendre la route. Nous partons pour 3 jours à travers l’arrière pays laotien. Le chemin est réputé pour ses paysages époustouflants partagés entre rizières et montagnes et les nombreuses caves et lacs souterrains que cachent d’immenses reliefs karstiques.


Le premier jour est une très belle mise en bouche. Dès le début, les massifs de roche noire pointe le bout de leur nez et nous ne tardons pas à passer à leurs pieds, en en découvrant de nouveaux à chaque virage. La route quoiqu’empruntée par des camions est en bon état. Nous nous aventurons vers une première grotte dans laquelle on s’introduit pour découvrir une gigantesque cavité. La grotte traverse la montagne de part en part. Nous escaladons les rochers acérés et atteignons la seconde ouverture où se trouve un petit lac. La lumière éclaire de manière très douce l’eau dans laquelle se reflètent les parois de la grotte qui la surplombe. Le reste de la cavité est plongé dans l’obscurité. Quelques kilomètres plus loin une autre grotte est accessible et cache un petit temple bouddhique. La grotte est jolie mais bien plus petite en hauteur que la précédente. On remarque alors une ouverture entre des rochers un peu en contrebas et décidons de nous y glisser. La paroi est glissante ce qui complique un peu notre progression dans le boyau rocheux. A notre droite le bras d’eau s’élargit et finalement nous découvrons avec émerveillement un lac sous-terrain dont une partie est éclairée via un puit de lumière. La pierre blanche se reflète dans le miroir d’eau imperturbable. C’est magnifique et d’un calme absolu. On reste là un bon moment, profitant de la quiétude des lieux.



Histoire de se reposer un peu et de se rafraichir nous nous arrêtons au bord d’une rivière où sont installées des paillotes. Il n’y a pas grand monde, nous nous baignons pendant que François somnole. Nous repartons en début d’après-midi pour faire les 80 kilomètres qui nous restent avant notre première ville étape où nous passerons la nuit. Nous traversons des paysages magnifiques qui changent très rapidement. Après la facilité des routes toutes plates, nos scooters se confrontent à une route en lacet parfois très pentue qui leur donne du fil à retorde. La montagne est couverte de forêt dont les couleurs varient entre teintes automnales et printanières. C’est splendide. Arrivés au sommet de la montagne, le paysage change encore et révèle une terre nue. Un grand projet de barrage a énormément impacté la région et l’exploitation forestière y va bon train depuis longtemps. Le lac artificiel n’est pas rassemblé en un seul lac mais en une multitude de bras qui serpentent entre les îlots de terre boisés. Au milieu des étendues d’eau se dressent les cadavres d’arbres soudainement noyés. Ca donne un effet fin du monde plutôt réaliste. On admire un beau coucher de soleil dans cet univers très particulier.



Le soir venu, on se gave du barbecue à volonté organisé à notre auberge. Il y a du monde et de l’ambiance. Le terrain de pétanque est vite pris d’assaut et la compétition fait rage entre équipes de laotiens et d’étrangers. Les gars du patron connaissent toutes les expressions en rapport avec la pétanque et avec l’accent marseillais s’il vous plait ! « ô con », « tu tires ou tu pointes », « putaing le con », « bien joué gros ». Sympathique florilège qui produit à chaque fois son effet.


Le lendemain nous partons à 6h30 pour profiter de la fraicheur mais surtout de paysages encore transformés par la brume matinale qui se glisse entre les montagnes. La route commence à redescendre vers le plateau et traverse de nombreux villages où la population s’active. Le bord des routes est envahi d’écoliers. On finit par arriver dans la plaine encadrée de part et d’autre par d’imposantes falaises rocheuses de toute beauté et au bout de laquelle se trouve la grotte de Konglor dont on sait pas encore ce qu’elle nous réserve. Autant vous dire que notre surprise a été totale et est allée bien au-delà de toutes nos espérances. Armés de lampes torches de bon calibre et accompagnés de deux bateliers, nous entamons la traversée de la grotte de Konglor, une grotte digne des meilleurs bouquins de littérature fantastique. Rien que l’entrée laisse pantois et une fois lancés sur l’eau, nous plongeons dans une obscurité complète dans laquelle les faisceaux lumineux de nos lampes s’évanouissent. Longue de 7 km avec des dimensions en hauteur et largeur juste insensées, on est scotchés, béas devant cette immensité insoupçonnée. C’est spectaculaire. Une courte section se fait à pied sinon nous restons à bord de notre pirogue que le pilote écope très souvent. Nous débouchons de l’autre côté de cet interminable couloir de roche et continuons sur l’eau entre les montagnes. Après une pause nous rebroussons chemin et nous ré engouffrons dans la gueule de la montagne, en route vers le centre de la terre. Magique.



A peine ressortis qu’il est déjà temps de faire demi tour. La lumière décline à mesure que nous remontons dans les montagnes. Nous nous arrêtons finalement au bord de la route dans un pseudo village où nous espérons trouver une guesthouse. C’est aussi l’heure à laquelle les enfants rentrent les buffles d’eau. Après avoir interrogé quelques habitants on nous indique finalement une maison un peu plus loin. Un vieux monsieur nous montre nos quartiers un poil rustique. C’est le moins qu’on puisse dire. Il ne parle pas un mot d’anglais et on est pas non plus sûrs d’être sur la même longueur d’onde niveau gestuel mais l’affaire est finalement conclue. Chose rare, il insiste pour que nous rentrions les scooters dans nos chambres ce qui nous amuse pas mal mais qui parait effectivement plus sûr. Le repas est d’un romantisme rare, au bord de la route dans une petite gargote qui fait face à la station essence.


Le lendemain on remet le couvert à 6h30. On fait un stop pour acheter de quoi petite déjeuner à la boulangerie. De l’autre côté de la route, un vieux monsieur nous fait des signes et nous invite à venir boire le thé. A notre grande surprise, Sith parle un très bon français et nous raconte un tas de choses sur sa vie autour d’un thé lao et de viennoiseries. A son époque on étudiait encore le français à l’école. Il nous montre des photos de lui quand il était caméraman. Il nous parle cinéma et évoque rapidement le manque de liberté dans son pays. Une bien belle rencontre.



Dans l’après-midi nous faisons un ultime stop au bord de la rivière, au même endroit que le premier jour. Cette fois ci nous trouvons une foule et une grande animation. On se délasse dans l’eau et les gars s’amusent avec des jeunes laotiens. De retour à Thakhek, la boucle est déjà finie. On est crevés mais ravis. On en a pris plein les yeux. Dès le lendemain nous rejoignons Vientiane, la capitale, d’où François et Mathilde s’envolent pour la France. On les remercie mille fois de nous avoir rejoint, c’était super !


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