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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Volontariat #6 - Les chèvres de San Mateo

Dernière mise à jour : 2 oct. 2018



La situation nicaraguayenne nous ayant contraint à annuler notre volontariat dans le nord, et donc à écourter notre séjour sur place, nous nous rendons plus tôt que prévu au Costa Rica.

 

Nous sommes mi juin et un vol nous attend au Panama le 18 juillet pour la Colombie. Nous passerons donc un mois dans le pays que l’on surnomme la petite Suisse d’Amérique Centrale. On a vite fait de comprendre pourquoi. Au-delà de l’aspect montagneux et verdoyant du pays, c’est aussi au niveau des prix que l’on note la ressemblance. Dur retour à la réalité ! Afin de contrebalancer l’annulation du précédent volontariat et aussi de limiter les dépenses nous rempilons directement à notre arrivée au Costa Rica pour un volontariat de 2 semaines.


Le 17 juin à l’aube, nous larguons les amarres de la magnifique île d’Ometepe pour rejoindre le continent et atteindre dans l’après midi notre destination, San Mateo, où se situe la ferme de Gabriela et Ivan. Ce tout petit village est perdu dans une région plutôt agricole au paysage vallonné à mi chemin entre San José, la capitale et Punta Arenas, ville balnéaire sur la côte pacifique. Laura, une volontaire française, nous accueille depuis l’immense terrasse couverte, principale pièce à vivre de cette grande hacienda de caractère. Nous faisons le tour du propriétaire et prenons connaissance des tâches qui nous incomberont pour les 2 prochaines semaines. Dès 17h le travail commence, traite des chèvres et biberon pour les plus petites. Nos petits protégés, mâles et femelles, ont à peine quelques jours pour certains et se tiennent difficilement sur leurs 4 pattes. Impossible de ne pas fondre devant leurs petites bouilles. Le soir nous faisons connaissance avec les propriétaires, Gabriela, Ivan et la petite Inès de retour de la capitale. Cette fois-ci, tout le monde parle espagnol et on peut compter sur Laura, bilingue pour corriger nos erreurs (nombreuses) et nous donner quelques leçons. Future prof de français à la rentrée de septembre, elle est faite pour le métier.


Nos journées s’organisent surtout autour de la vie des petites chèvres dont nous sommes responsables. Levés à 6h30 du matin pour le petit déjeuner, nous enchainons à 7h avec la traite et les biberons, avant de passer au nettoyage des boxes où le troupeau (des plus grandes) passe la nuit. Les crottes sont récupérées pour faire du compost. On oublie pas de jouer avec les petits bébés qui nous suivent partout en gambadant comme des fous, surtout Arno, le plus petit. Adorable. Selon les besoins, nous terminons la matinée en faisant un peu de ménage, du débitage de bois, de la cuisine ou du désherbage dans un champ de maïs dont la production sert à nourrir les chèvres une bonne partie de l’année. Nos matinées sont bien chargées, on ne souffle pas une seconde. Nous travaillons souvent avec Nelson, l’employé de Gabriela. Il vit avec sa petite famille dans une casita accolée à l’enclos des chèvres, il veille donc au grain les concernant.


Nelson est nicaraguayen, et comme nombre de ses compatriotes, il vient chercher une meilleure paye au Costa Rica pour pouvoir économiser et revenir au pays par la suite. Il a un projet dans le viseur : acheter deux maisons, une pour y habiter et l’autre pour installer un restaurant de plats typiques. Après déjà plus d’une dizaine d’années à travailler comme ouvrier agricole au Costa Rica, il a déjà fait la moitié du chemin. Ces gens sont absolument adorables et ne comptent pas leurs heures. Ils nous donnent un coup main à la moindre occasion et peu à peu nous tissons une bonne relation, ce qui n’est pas vraiment le cas avec Gabriela et Ivan qui restent en retrait. Peut-être un peu lassés d’accueillir des volontaires mais qui y trouvent leur compte puisqu’on est une main d’œuvre très très bon marché. Mais voilà, les atomes crochus ne sont pas là. Nous passons donc plus de temps à discuter avec Laura ou Dayvin, un américain de passage au Costa Rica qui loue une chambre dans la ferme. Ce dernier passe notamment une soirée entière à nous expliquer le comportement des chiens et comment réagir face à eux. Le sujet ne vient pas de nulle part puisque dans la ferme on compte 5 chiens, dont 4 sont absolument énormes et 3 ont tout juste 1 an et ne sont pas dressés. Très agités et imprévisibles, il est difficile pour nous de les catalyser. Lola une chienne noire de 1m de haut est la plus versatile des 5, parfois tranquille elle devient subitement agressive et essaie de nous mordre ou bien décampe à toute vitesse apeurée. Heureusement, Sansa, la plus vielle et la plus sage est aux aguets. Toujours à proximité de nous, dès que Lola ou un autre chien s’excite, elle intervient et s’interpose. Après quelques petits incidents, Gabriela opte pour l’enfermement… Fausse bonne idée, puisqu’ils deviennent fous dans leurs cages au lieu de se défouler dans les champs, mais on a pas vraiment notre mot à dire.


Nous passons 2 semaines chez Gabriela et Ivan, sur un rythme à 2 vitesses, matinées intenses et après-midis relaxantes. Nos bloquons nos jours de congés sur le calendrier des matchs de nos futurs champions du monde dont on ne loupe pas une miette même depuis la télévision grésillante installée dans le bureau de Gabriela. Autrement, nous nous baladons dans le village ou partons en vélo pour nous rendre à une cascade à quelques kilomètres de là et dont la route aux pentes raides et interminables nous fait suer et produire un bel effort. Malheureusement avec la saison des pluies, l’eau est maronnasse mais cela n’empêche en rien une petite baignade.


Nous profitons un maximum de l’environnement incroyable qu’offre cette ferme entourée d’un écrin de nature merveilleux où les arbres sont gigantesques et aux formes féériques. Quasiment tous les jours, des singes capucins ou hurleurs investissent les lieux. A seulement quelques mètres de nous, nous les admirons sauter, manger, dormir alors que leur hurlement si caractéristique compose un fond sonore continu. A cela s’ajoute des colibris, des motmot, dont la queue est formée de 2 plumes proéminentes l’une turquoise l’autre noir qui étincellent au soleil, mais aussi d’énormes coléoptères qui se fracassent contre les murs ou volent dans nos cheveux, des chauves-souris, des lézards et bien sûr des araignées et tarentules. Ce décor laisse présager de la suite toute aussi exceptionnelle en terme et faune et de flore.


Une nouvelle volontaire, Sophia, nous rejoint pour la deuxième semaine et c’est à ce moment là que l’une des chèvres choisit de donner naissance à une nouvelle petite femelle que Nelson a aider à mettre au monde. Pendant un bon moment, le travail continue chez là maman après l’expulsion de la petite. C’est assez impressionnant, le sang, la poche du placenta qui reste accroché, les contractions et à côtés la petite boule de poils toute recroquevillée à la respiration saccadée. Tristement, et au bout de quelques heures seulement, la petite s’éteint à bout de force et devant nos yeux ce qui nous cause un petit ascenseur émotionnel.


Finalement, nous tirons un constat un poil mitigé de ce volontariat. Alors que l’on s’est très bien entendu avec Nelson, Laura, Sophia, Dayvin et que nous avons adoré l’endroit, nous avons été un peu déçus que notre relation avec Gabriela et Ivan n’est pas été plus poussée par rapport à nos expériences précédentes. Ca ne peut pas marcher tout le temps.


On part donc la fleur au fusil et l’appareil photo vissé au cou, impatients de découvrir les merveilles du Costa Rica.



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