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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Volontariat #4 - Pintando Santa Catarina Palopo : Le Projet !

Dernière mise à jour : 2 oct. 2018



Voilà 8 semaines déjà que nous avons rejoint le projet Pintando Santa Catarina Palopo et sa jeune équipe de guatémaltèques dynamiques et adorables. Il était temps qu’on vous en parle…

 

Situé à flanc de colline sur la rive Nord Est du Lac Atitlan et bénéficiant d’un panorama privilégié sur les trois volcans voisins (San Pedro, Atitlan et Toliman), le village de Santa Catarina Palopo a amorcé une phase de mutation en 2017. Très pauvre et accusant un retard critique en terme de développement économique, sa population, composée d’indigènes appartenant à la communauté Kakchiquel, n’a pu profiter de l’essor touristique que connait la région, faute de ressources et de compétences appropriées. Face à cette situation, un collectif s’est formé pour donner un nouveau souffle à ce village ainsi que des armes pour répondre de manière constructive aux problématiques et enjeux sociaux qui l’accablent : chômage, pauvreté, accès limité à l’éducation de qualité, très forte natalité, pollution, alcoolisme, défection des services de récupération des déchets et de traitement des eaux, conscience écologique limitée, etc. Bref, vous l’aurez compris, c’est pas évident pour tout le monde.


Avant d’en dire plus, une très rapide explication sur le pourquoi du comment nous sommes arrivés là. Il se trouve qu’avant de partir, nous avions établi le contact avec Alfredo Maul (merci Ingrid), architecte guatémaltèque et fondateur de l’ONG environnementale,G-22, qui met en place des projets de développement durable et d’écologie au sein de la société civile. Enthousiasmés par les différents projets de l’ONG, nous avons décidé de nous mettre à disposition de l’un d’entre eux pour 3 mois. Une fois arrivés au Guatemala, Alfredo nous a finalement suggéré le projet Pintando Santa Catarina Palopo dont l’ONG est partenaire. Les hispanophones, l’auront compris, il est donc question de peinture.


A quoi répond le projet et comment ?


Guidé par des ambitions écologiques, économiques et sociales, le projet est né courant 2016 dans l’idée d’améliorer la qualité de vie des habitants de Santa Catarina Palopo en en faisant une destination touristique atypique et inspirante. A travers une intervention artistique, le projet entend générer un sentiment d’appartenance à une communauté, favoriser le maintien d’un héritage culturel fort et offrir un cadre propice au dialogue et au développement d’un modèle plus durable. Concrètement, ce projet s’articule autour d’un grand chantier : peindre l’ensemble du village, édifices publics comme habitations privées. Estimé à 3 ans, ce dernier à démarré en juillet 2017 après la tenue de nombreux ateliers collectifs, ouverts à tous, ayant permis de définir le cadre du projet, sa vision, sa mission et ses objectifs, et de faire en sorte que les habitants se l’approprient. Une équipe de salariés originaires du village a été créée et travaille à la mise en œuvre de cette vaste entreprise, peindre pas moins de 1000 maisons. Chaque famille est mise à contribution pour mener à bien les travaux et les bras supplémentaires et volontaires sont les bienvenus.


Architecte, designer, peintres, promoteurs/euses, voisins, voisines, c’est tout un village qui est ainsi appelé à se solidariser et à faire vivre la culture Kakchiquel. Peu à peu les résultats se font voir. Maisons après maisons, Santa Catarina Palopo se métamorphose et offre une nouveau visage coloré et riche de symboles aux visiteurs toujours plus nombreux à s’y aventurer.


Pour la petite histoire, à l’origine, l’idée de peindre les maisons de Santa Catarina Palopo n’est pas né d’un esprit purement humaniste et écolo. En réalité, c’est un homme avec une certaine notoriété au Guatemala et propriétaire d’une très jolie villa dans les hauteurs du village qui en est l’instigateur. Un beau jour, alors qu’il admirait la vue sur le lac, il a regretté que le village, tout gris, en gâche en partie la beauté. Il s’est donc dit qu’il fallait le repeindre. Or, cette idée à vite trouver des partisans puisque Santa Catarina a la particularité d’être environné d’hôtels et de villas de luxe parmi les plus select du pays. La Casa Palopo, l’hôtel le plus cher du pays, s’est rapidement lié à ce monsieur. Ne restait plus qu’à définir la forme et le fond qu’allait prendre le projet. Vous l’aurez compris, initialement il n’y avait pas vraiment de dimension écologique et sociale au projet. Il était plutôt question de cacher la misère. Or, il se trouve qu’Alfredo et son ONG ont vite perçu le potentiel de développement pour Santa Catarina par ce biais et ont ainsi transformé en profondeur la dimension du projet en y apportant une approche sociale et écologique essentielle à sa réalisation. L’ONG a notamment conseillé l’utilisation de peintures moins nocives à l’environnement et assuréé la tenue des ateliers. Alfredo est un gars génial et plein de ressources, nous vous en ferons le portrait prochainement.


Peindre des maisons c’est bien, mais bon rien de nouveau sous le soleil nous direz-vous?

En fait, l’intérêt particulier du projet Pintando Santa Catarina Palopo réside principalement dans son attachement étroit à la culture Kakchiquel. Aujourd’hui encore, l’empreinte kakchiquel est forte dans ce village. Pour nous, quand nous sommes arrivés ici, c’était comme découvrir un nouveau pays. Les gens parlent leur dialecte et la grande majorité des femmes et des jeunes filles s’habillent de manière traditionnelle, jupes et guïpils tressés à la main. Pour les hommes, cela concerne surtout ceux de plus de 40 ans. Mais tous baignent encore dans les coutumes et traditions héritées de leurs ancêtres. Cependant, puisant ses maigres ressources dans l’agriculture et l’artisanat, le village a peu à peu du s’ouvrir au monde pour survivre et dès lors se confronter à une culture mondialisée. Ainsi, depuis quelques années maintenant, les choses changent. Nous même nous pouvons observer que des écarts se font entre les générations. Les jeunes commencent à s’habiller à l’occidentale, les télévisions, les téléphones, les réseaux sociaux font leur apparition et par une série d’enchainements prévisibles, les liens et les traditions se fragilisent.


Or, la culture kakchiquel, dans nombre de ses aspects, représente aussi bien un socle commun qu’une force pour Santa Catarina Palopo. Son artisanat, sa gastronomie, son histoire sont autant d’éléments qui intriguent les personnes extérieures à la communauté. Pintando Santa Catarina Palopo l’a bien compris puisqu’il s’est largement inspiré de l’univers kakchiquel pour établir son cadre et faire du village une destination touristique riche d’une dimension humaine et culturelle. Ainsi, par exemple, le choix des couleurs et des motifs est directement tiré des habits traditionnels kakchiquels. A grande ampleur, c’est tout le village qui témoigne de sa culture et se la réapproprie. Le projet incite également les villageois à prendre davantage soin de leur environnement et de la nature. La dessus, il y a encore du travail à faire car les reflexes sont loin d'être acquis, mais des actions de sensibilisation sont en cours. Espérons que ça prenne !


Autour du projet de nouvelles initiatives individuelles ou collectives prennent forme, un centre culturel sensibilise à la culture kakchiquel et à l’artisanat local, la municipalité entreprend des travaux de nettoyage et d’amélioration des lieux publics, un café proposant du café local et bio a ouvert, des échoppes se créent, des maisons ouvrent leurs portes aux voyageurs de passage et une petite agence de tourisme est sur le point d’ouvrir. Lentement mais surement, le village se transforme et les perspectives évoluent. Bien sûr, tout n’est pas rose, car c’est un projet compliqué dans sa mise en œuvre. Dépendant de soutiens financiers extérieurs, le projet est surtout tributaire de la capacité des habitants de Santa Catarina Palopo d’en cultiver le potentiel sur le long terme.


Pour notre part, nous avons été, dès les premiers jours, intégrés à l’équipe en charge de la mise en œuvre du projet. Aux côtés des peintres, nous nous immergeons chaque jour dans la vie quotidienne des familles chez qui nous peignons. Nous prenons le pouls de ce village où tout le monde se salue et échange deux, trois mots quand on se croise. Témoins discrets mais attentifs, nous contemplons et nous adaptons à ce rythme et ce mode d’existence si différents des nôtres. L’hospitalité joyeuse et si simple de chacun des foyers où cohabitent grands-parents, parents, enfants nous attendrit. Les scènes de vie se jouent sous nos yeux, des enfants qui chahutent, des femmes qui tissent dans la cour intérieure des maisons ou s’occupent à allumer le feu pour préparer le repas, des hommes qui portent des charges de bois ou de ciment à la force de leurs cervicales et qui trouvent tout de même l’énergie de rigoler tout le temps. Peu à peu, nous prenons nos marques et établissons un lien amical avec nos « companeros » et ces familles. C’est aussi cela Pintando Santa Catarina Palopo, favoriser le dialogue et l’échange dans une aventure collective.


En marge de cette activité de peinture en immersion, Alfredo nous a demandé de travailler sur un projet plus perso cette fois-ci. Préoccupé par la faible capacité du village à capter de réels bénéfices des touristes de passage, il a décidé de mettre sa pierre à l'édifice en s'impliquant directement dans une petite affaire familiale et ainsi servir d'exemple pour le reste du village. Aux côtés de Don Pedro et sa famille, Alfredo a créé le Café Tuk, minuscule local sur la place principale, tenu par Rosa et Marta les deux filles de la famille. La petite échoppe ne sert que des produits locaux et 100% bios. On ne peut pas faire plus circuit court qu'ici. Le café vient directement de la petite plantation que possède la famille en lisière du village, le thé provient d'un département voisin et les biscuits de la boulangerie du bout de la rue. Notre mission, donner un coup de main à la famille de Don Pedro pour dynamiser l'activité du café et créer un petit Airbnb dans une cabane au milieu de la plantation. Tout simple mais authentique, l'endroit est un vrai cocon plein de charme. Toilettes sèches et douche solaire au programme.


Bref, en 4 mots, on est trop contents. Mais nous n'allons pas en rester là, on vous en dit plus dans un prochain article sur la vie à Santa Catarina Palopo.


A que bueno.



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