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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Sri Lanka #1 - Bienvenue à Ceylan



Du 11 au 22 octobre


Le retour au pays n’aura été que de courte durée, nous revoilà catapultés à plusieurs milliers de kilomètres, cette fois vers l’Est, pour entamer ce second volet autour du monde. Ayubowan Sri Lanka !


Le Sri Lanka, c’est cette petite ile à 60km à peine de la pointe sud de l’Inde. Peut-être les plus anciens d’entre vous se souviennent davantage de son nom du temps de l’Empire britannique, Ceylan. Dans les années 70, le gouvernement a souhaité revenir aux racines cinghalaises et rompre avec son passé colonial en choisissant le nom Sri Lanka. Cela ne sort pas de nulle part puisque jadis l’île constituait un royaume appelé Lanka, auquel a été ajouté Sri, un terme utilisé pour exprimer son respect. Nous vous en dirons davantage sur son état actuel et son histoire récente dans le prochain article.


Une fois n’est pas coutume, nous ne nous éternisons pas dans la capitale, Colombo. Centre économique et politique du pays, elle concentre les principales activités stratégiques, notamment avec son port maritime, essentiel au développement du pays. L’air y est pollué et l’urbanisation anarchique. Mis à part quelques rues vaguement coloniales, des temples et deux ou trois musées nationaux, il n’y a pas grand-chose à y faire, si ce n’est prendre le pouls de ce coin du monde bien éloigné de nos repères.



Kandy, cité culturelle


Considérée comme la ville culturelle du Sri Lanka, Kandy attire de nombreux visiteurs nationaux et étrangers. Située à l’orée de la région centrale et montagneuse du pays, on peut y accéder en train depuis Colombo, et le trajet vaut le détour. Très économique, vétuste et lent, le train, héritage britannique, a l’avantage de faire découvrir à ses voyageurs les confins du Sri Lanka en traversant les campagnes et les montagnes encore préservées. Arrivés sur place, on sent tout de suite l’effervescence de cette ville prise en étau par les montagnes environnantes et bordée par un joli lac. Lieu de culte bouddhique très réputé, Kandy abrite le Temple de la Dent qui détiendrait une dent du Bouddha. En réalité c’est une copie et elle est cachée des visiteurs et des pèlerins venus en foule en ce dimanche, jour de congé hebdomadaire. Constitué de plusieurs bâtiments d’une belle architecture aux dômes dorés et façades blanches, chacun est invité à se déchausser et couvrir épaules et genoux avant d’entrer dans l’enceinte du temple, comme dans chaque temple d’ailleurs.



Les pèlerins vêtus de blanc apportent des coupelles chargées de pétales de fleurs ou de fruits, parfois même des tenues neuves pour les moines, qu’ils déposent devant les lieux de recueillement avant de se prosterner et de réciter des prières.



Sigiryia, témoignage d’un autre âge, les cités anciennes

Depuis Kandy, nous décidons de faire une petite incursion en bus un peu plus au nord, dans la région des cités anciennes où est née la culture Cinghalaise. En raison d’une route bloquée, on finit le trajet à bord d’un tuk-tuk qui se lance au petit bonheur la chance sur des chemins et sentiers à travers la cambrousse. Rizières, étangs et champs à perte de vue, et surtout, planté au milieu du décor, le Lion’s Rock qui se trouve être l’attraction de Sigiryia. Sorte de pic rocheux perdu dans un océan de verdure, le Lion’s Rock attire les foules qui accèdent à son sommet par un escalier vertigineux collé à l’une de ses parois. Arrivés en haut on peut découvrir les ruines d’un ancien village et un panorama à 360°, moyennant 30$ par personne. Ouch ! Très peu pour nous, on se rabat donc sur un autre mastodonte rocheux, le Pidurangala, sorte d’énorme monolithe venu dont ne sait où et déposé ici comme si de rien n’était. Après une balade à vélo à travers la forêt et les rizières on arrive en bas du géant. De tout là-haut on donne directement sur le Lion’s rock et profitons du même panorama, pour 3$... C’est déjà plus raisonnable.



Le Sri Lanka est truffé de parcs nationaux au sein desquels on peut observer de nombreux animaux et notamment des éléphants. Depuis notre arrivée nous en avons croisé quelques uns mais toujours en captivité dans des temples ou dans la rue. A chaque fois, on éprouve un pincement au cœur en les voyant ainsi, loin des leurs et voués à une vie bien étrangère à leur nature. On est donc plutôt contents à l’idée d’aller dans un parc national où les pachydermes vivent en liberté dans leur milieu naturel. On profite donc de l’excursion d’un couple de suisses rencontré dans notre auberge pour filer à bord d’une jeep vers le Parc de Kaudulla. N’étant pas l’un des plus courus, on espère qu’il n’y aura pas trop de monde. Mais finalement, arrivés à l’entrée du parc on constate qu’on n’est pas si seuls, plusieurs jeeps entrent en même temps que nous.



A peine avons-nous passés la lisière de la forêt que nous tombons sur un premier groupe d’éléphants. Oh la la. Trop beaux. On est tous les quatre émus devant cette petite troupe d’une dizaine d’éléphants petits et grands qui avancent ensemble en s’arrosant ou en mangeant. On a envie de les prendre dans nos bras, ce sont des géants tellement mignons. Nous continuons notre chemin et nous enfonçons plus profondément dans le parc pour arriver à l’immense réservoir d’eau, où se rassemblent presque tous les animaux du parc. Un troupeau de buffles d’eau se détend dans l’eau à côté d’un groupe d’échassiers, mélange entre cigognes et flamands rose. Les nombreux paons font résonner leur célèbre « Leoooon » tout autour de nous, pendant que des aigles rodent dans les airs aux côtés de martin pêcheurs. Et pour épicer ce spectacle déjà très réjouissant, on aperçoit un peu plus loin une harde de plus de 50 éléphants qui s’ébattent dans l’eau. Notre chauffeur ne perd pas de temps et part à leur rencontre. D’autres jeeps font de même et on est rapidement une vingtaine de jeeps alignées à quelques mètres des éléphants. On passe très vite de la joie à la gêne. On se rend bien compte que les éléphants ne sont pas à leur aise. Certains restent sur leurs garde pendant que les autres mangent et se baignent. Les parents veillent attentivement sur leurs petits qu’ils callent entre leurs pattes. On est admiratifs et désolés à la fois. On demande donc au chauffeur de se retirer, mais notre place est directement prise par une nouvelle jeep… Après l’excitation c’est la désillusion, on ne réitèrera pas l’expérience. Surtout qu’on peut en voir ailleurs que dans les parcs puisqu’ils se promènent librement dans la campagne. On le vérifie très rapidement sur le chemin du retour vers Sigiryia lorsqu’un énorme éléphant nous barre la route en nous faisant face de toute sa hauteur avant de s’enfoncer dans la forêt. Un peu plus loin nous croisons deux hommes à côté de leur tuk-tuk dont le moteur est toujours en marche. Ils nous hèlent et nous nous arrêtons. Les deux hommes ont été pris en chasse par l’éléphant et ont du mal à se remettre de leur émotion. Il est vivement recommandé de ne pas se promener une fois la nuit tombée sur les routes de campagne. On comprend mieux pourquoi.



Adam’s peak, 2700 marches de bonheur


De retour dans la région montagneuse, nous nous rendons à Nallatanyia pour réaliser l’ascension de l’Adam’s Peak, un des hauts lieux de pèlerinage bouddhique au Sri Lanka. Pour y arriver le train emprunte une route à travers les plantations de thé qui recouvrent presque toute la région centrale de l’île. Sans surprise, notre train est bondé, il faut jouer des coudes pour monter à bord. Bloqués dès le sas d’entrée, nous nous glissons donc à la porte de notre compartiment restée ouverte d’où nous observons les paysages pendant tout le trajet.


En quelques heures nous atteignons Hatton et malgré les multiples sollicitations des conducteurs de taxis et tuk-tuk qui nous informent que la route pour Nallatanyia est bloquée en raison d’un glissement de terrain, nous décidons tout de même d’emprunter le bus et de voir par nous même. Et en effet, à cause des très fortes pluies, un glissement de terrain s’est produit la semaine précédente emportant avec lui un bon morceau de route et trois maisons, sans faire de victimes, heureusement. Depuis lors, à part constater le problème, pas grand-chose ne s’est passé pour régler la situation. Le bus ne pouvant aller plus loin, tout le monde descend et entreprend une petite marche de 3km à travers les plantations de thé pour contourner le glissement de terrain et attraper un autre bus qui nous attend au bout du chemin improvisé.


L’Adam’s peak voit affluer chaque année de décembre à février un foule de pèlerins qui se lancent à l’assaut de ce pic pour accéder au petit temple érigé à son sommet, à l’endroit même où Bouddha aurait laissé une empreinte de son pied. Durant cette période, l’ascension peut prendre jusqu’à 6h tant les marcheurs sont nombreux, et il vaut mieux se lever tôt pour s’assurer le lever du soleil. Nous concernant c’est plus cool puisqu’on est hors saison, nous entamons donc notre ascension aux alentours de 3h45. Une fois la zone d’approche en pente relativement douce passée, les choses se corsent un peu. Nous grimpons à la lampe torche les quelques 2700 marches et plus de 1000 m de dénivelé au pas de course pour arriver à temps. Nous avons le droit à un magnifique lever de soleil au-dessus d’un tapis de nuages qui se dispersent peu à peu. Chose assez magique à cette heure du jour, alors même que le soleil se lève, l’ombre de l’Adam’s Peak apparait et forme un triangle parfait, bien que la montagne soit irrégulière. La descente est plus aisée quoi qu’elle soit éprouvante pour nos mollets que nous sentons encore fortement plusieurs jours après.



Nuwara Elyia, une petite tasse de thé ?


Nuwara Elyia est une station climatique fondée par les britanniques et située au cœur des plantations de thé, dont le Sri Lanka est le premier producteur mondial. La ville en elle-même n’a aucun charme, par contre les alentours sont sublimes. Une belle balade vers une cascade nous fait passer à travers les plantations où des dizaines de femmes s’emploient à la cueillette. Nous avons appris que ce sont uniquement les « tamouls des plantations » qui travaillent dans les exploitations de thé en tant que main d’œuvre. Ces tamouls sont en réalité des tamouls indiens (qu’il faut différencier des tamouls sri lankais) que les britanniques ont fait venir d’Inde du Sud pour travailler dans les champs de thé sri lankais alors en plein essor. Depuis ça n’a pas changé, les « tamouls des plantations » se reproduisent entre eux et leurs enfants continuent de travailler dans les plantations comme cueilleurs et ouvriers alors que les cinghalais, eux, administrent les exploitations. Il y a un genre de fonctionnement en castes qui parait bien établit dans cette région. D’autant que la main d’œuvre n’est pas chère, 3€ par jour pour un travail épuisant et titanesque. Le plus souvent, nous observons que l’employeur prend en charge le logement des familles et l’éducation des enfants. Ce qu’il ne manque pas de mettre en avant dans leur marketing. Les travailleurs sont donc essentiellement entre eux et visiblement tributaires de la compagnie. On se demande donc comment ils peuvent espérer améliorer leur situation à l’avenir. Sur notre chemin nous visitons une fabrique de thé et nous observons le processus de transformation. De la feuille fraichement cueillie aux copeaux séchés, moins de 24h sont nécessaires..



Nous continuons dans les montagnes et prenons la direction de Ella où nous profitons des randos possibles malgré nos mollets encore endoloris. La ville n’est pas folichonne et surtout remplie de blancs. On retient surtout l’ascension du Ella’s rock, dont une partie emprunte la voie du train et donne à voir de très belles choses, cascade, parcelles cultivées, plantations de thé, habitations isolées et panorama sur la vallée. On est un peu bloqués par les conditions climatiques de la région, excellentes le matin mais pluvieuses l’après-midi.



Haputale, la gentillesse sri lankaise


Oubliée des touristes en cette période, nous faisons un saut à Haputale, petite ville située sur une crête qui offre des panoramas géniaux sur les plantations de thé. Celles-ci s’étendent sur les pentes des montagnes parfois très raides et apparaissent et disparaissent entre les nuages et le brouillard. Au Sri Lanka, au lieu d’auberges de jeunesse, les voyageurs de notre genre se tournent vers les Homestay plutôt que d’aller dans des hôtels « classique ». On est donc logé chez l’habitant avec qui nous partageons les espaces communs. A chaque fois on est pas déçus car l’accueil est toujours très chaleureux et puis ça permet de rencontrer et de discuter plus facilement avec les locaux. A Nuwara Elyia, nous avions comme ça passé un long moment avec Sampath, constamment en train de se marrer. Trop sympa. Mais c’est bien à Haputale qu’on fait l’expérience d’un véritable homestay, avec l’immersion totale dans la famille de Ikka, un musulman tamoul qui vit avec sa femme et ses deux enfants dans une petite maison sans chichis, plutôt rustique même. On est très touchés par le naturel de Ikka qui nous traite comme des amis. Il nous initie au Carrom, jeu traditionnel qui se joue sur un plateau, nous parle de lui et du coin, nous fait découvrir avec joie leur quotidien et leur gastronomie. On profite pleinement de sa gentillesse et de celle de ses proches avec qui l’on partage de beaux moments.


Depuis chez lui nous nous promenons dans les parages et nous rendons au Lipton’s Seat, une colline sur laquelle Sir Lipton avait pour habitude de se rendre pour admirer son empire. La randonnée nous fait traverser des villages de cueilleurs de thé et des plantations magnifiquement entretenues où percent ça et là des volubilis violets qui tranchent avec le vert éclatant des feuilles de thé. On rencontre des dizaines d’enfants se rendant à l’école dans leur uniforme bleu et blanc et dévalant les sentiers abruptes pour ne pas être en retard. A Haputale on observe également un rite important et mensuel. Lors de chaque pleine lune, les bouddhistes se retrouvent dans là nuit pour une procession avec tambours et lampes torches. C’est assez étonnant.


On quitte Haputale avec le sentiment d’avoir vécu un petit bout de Sri Lanka toute en simplicité.


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