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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Mexico #4 - Puebla et Guanajuato

Dernière mise à jour : 2 oct. 2018



Puebla – Au cœur des volcans


Dimanche 28 janvier, nous mettons le cap plus au Nord, destination Puebla, quatrième plus grande ville du Mexique. Nous passons une bonne partie des 5h de route qui séparent Oaxaca de Puebla, le visage collé à la vitre pour admirer le paysage unique qui s’offre à nous. Nous sommes plongés dans un pur décor de western, avec des montagnes arides et des cactus à perte de vue.

 

Nous arrivons à Puebla en fin de soirée, dans la nuit complète et bien séchés par le voyage. Avec plus de 1 500 000 habitants, c’est la première fois que l’on fait escale dans une aussi grosse agglomération, ce qui se remarque d’entrée en arrivant au terminal de bus. Ce dernier a des airs d’aéroport avec ses multiples portes d’embarquement, ses emplacements de bus par centaines, ses dizaines de compagnies, etc. Il parait même que l’on peut rejoindre n’importe quelle destination au Mexique depuis ce terminal. Nous nous apercevrons plus tard que ce n’est pas si simple que ça.

Puebla a cette particularité d’être entourée par plusieurs volcans, dont le plus haut culmine à pas moins de 5426m d’altitude (le Mont Blanc peut aller se coucher). De son doux nom Popocatepl, ce dernier est toujours en activité et menace régulièrement plusieurs millions de personnes. Mais Puebla abrite également le plus petit volcan du monde, avec seulement 8m de diamètre. Celui là ne menacera plus personne et est aujourd’hui situé en banlieue, au cœur d’un quartier résidentiel.


On prend donc nos quartiers dans une auberge en plein centre historique. Le bâtiment est superbe, le porche débouche sur une cour intérieure depuis laquelle on accède à une coursive qui conduit aux différentes chambres du premier étage. Surprise, dans la nôtre, nous retrouvons Shaun, un canadien croisé quelques jours plus tôt à Hierve el Agua.

Le lendemain de notre arrivée nous prenons le temps de nous imprégner de l’ambiance de la ville. Il faut avouer qu’on ne s’attarde pas tellement dans le centre, qui, bien que généreusement doté en églises et bâtiments baroques hérités de la colonisation espagnole, ne nous retient pas plus que cela. Sur les bons conseils de Shaun, nous prenons assez rapidement la direction d’un parc situé en hauteur, sur une colline surplombant la ville. Pour y arriver, nous traversons un quartier réputé aussi bien pour son passé sulfureux (gangs, violences, etc.) que pour ses fresques murales omniprésentes. Mais force est de constater que son atmosphère n’invite pas tellement le touriste à s’aventurer trop profondément. C’est d’ailleurs assez récurent au Mexique. Dès lors que l’on sort des sentiers battus ou de la foule, on ne peut jamais être sûrs que rien ne va se passer ce qui freine parfois un peu les ardeurs (surtout des Mexicains eux-mêmes). Nous n’en apercevons donc que quelques unes. En haut, le temps est magnifique, on peut donc admirer la ville et ses alentours (malgré la pollution), notamment les 3 principaux volcans, tout proche. On prend plaisir à flâner dans ce parc bien que le vent soit au rendez-vous et que la température se rapproche plus d’un mois d’octobre dans l’Est de la France.


A notre retour à l’auberge, nous retrouvons Shaun qui nous conseille cette fois-ci de tenter l’ascension de la Malinche, un volcan éteint, culminant à 4462m. Il ne présente pas de difficultés particulières et ne nécessite pas de prendre un guide pour nous indiquer le chemin. Seule obligation : prévoir des vêtements chauds pour affronter le froid piquant au sommet, sans compter le vent qui y souffle fort. Heureusement, nous avons embarqué quelques vêtements techniques dans nos sacs qui devraient faire l’affaire.


Le lendemain matin, nous embarquons avec nous Nicholas, un jeune allemand, qui partage également notre chambre et volontaire pour nous suivre lors de l’ascension. Le point de départ de la randonnée se situe à 40km de Puebla et pour y parvenir il nous faut prendre trois bus différents. Au final, nous mettons près de 4h pour rejoindre notre destination, un enfer. Nous qui pensions y être pour 10h30, on entame réellement l’ascension (estimée à 5/6h aller -retour) qu’à 13h. Nous nous demandons si nous aurons le temps d’arriver au sommet dans les temps! Le dernier bus pour rentrer étant à 17h, nous n’avons que 4h pour gravir et redescendre les 1300m de dénivelé positif. Tant pis, nous tentons quand même le coup dans l’espoir de trouver une solution sur le chemin, et nous démarrons sur les chapeaux de roues. Nous sommes vite rattrapés par l’altitude et le manque d’oxygène… Nous finissons par adopter un rythme de croisière pour se hisser sur les pentes raides du volcans. Le chemin traverse une forêt de pins qui nous rappelle une flore familière. Après 2h de marche, nous franchissons enfin la lisière de la forêt et apercevons pour la première fois le sommet, ce qui nous donne un petit regain d’énergie. Les basses températures se font désormais ressentir à mesure que nous montons et que le vent souffle de plus en plus fort.


Finalement, nous nous rendons compte qu’arriver au sommet et redescendre dans le temps imparti sera plus que compliqué. Heureusement, au cours de l’ascension, nous avons la chance de tomber sur Julio César, le fils d’un restaurateur basé au pied du volcan. Ce dernier nous propose que son père nous ramène une fois notre course terminée moyennant un prix très honnête. Nous acceptons avec joie, la frustration de ne pas arriver au sommet aurait été trop grande.


Dans les derniers instants de l’ascension, nous entendons une explosion au loin, suivie quelques secondes plus tard d’un nuage de fumée qui s’échappe depuis le cratère du Popocatepl. Un peu surpris au départ, nous contemplons assez longuement l’éructation du géant mexicain aux airs apocalyptiques.


Il nous aura finalement fallu 3h30 pour fouler la cime de la Malinche. Le cratère n’est plus visible mais la vue est incroyable. On aperçoit Puebla, bien évidemment, mais aussi les différents volcans qui l’entourent ainsi que le point culminant du Mexique, le Pico de la Orizaba. Le vent souffle vraiment fort et les quelques secondes à prendre des photos sans gants, sont extrêmement pénibles. Nous ne éternisons donc pas. La descente est plus rapide mais nous sentons la fatigue gagner nos jambes. Pressés par le jour qui décline, nous alternons course et marche rapide, mais terminons tout de même les dernières 30 minutes de la descente dans la nuit la plus complète. C’est assez chouette d’être en solo comme ça, accompagné par Julio très curieux de nous connaître et de nous en apprendre plus sur la culture mexicaine. Nicholas tire un peu la patte mais est ravi de cette expérience dont il ne cessera plus de répéter que c’était génial. Nous partageons bien évidemment son sentiment.


Le retour vers Puebla est finalement assuré par un couple de mexicains de passage au restaurant du père de Julio César. La route nous semblable interminable, d’autant plus que notre chauffeur conduit affreusement mal. Nous ne le sentons pas très serein au volant de sa toute nouvelle berline dont l’habitacle raisonne au son de la cumbia. Tam tadam tam tam, tadam tam tam. Oscillant entre brusques accélérations et freinages intempestifs, nous nous cramponnons à nos sièges en serrant les dents à plusieurs reprises tout en partageant discrètement des regards qui en disent long. Nous finissons par rentrer sans encombres à Puebla mais non sans frayeurs.


Le soir, un debriefing s’impose avec Shaun, individu qui se révèle au fur et à mesure de nos discussions, de plus en plus atypique. Shaun est en climbing trip, son objectif, grimper le Pico de la Orizaba (5672m) une dizaine de jours plus tard. Aussi hyperactif qu’hyper sociable, enthousiaste, et chaleureux, nous adorons échanger avec lui et Nicholas dans notre grand dortoir. Il picole de la four loko, bière énergisante a 14° (alcool + caféine + guarana + taurine = cocktail des champions) ou du jack Daniels aromatisé en canette à toute heure de là journée. Vraiment cinglé mais adorable.


Le jour suivant, nous décidons de la jouer un peu plus cool et de partir visiter la ville de Cholula, dont la principale attraction réside en la présence d’une pyramide enfouie qui serait plus volumineuse, bien que moins haute, que la pyramide de Kheops. Au fil du temps, la ville a recouvert cette colline artificielle et désormais, une église toute jaune trône en son sommet. C’est donc un nouveau panorama sur les alentours que nous découvrons avec plaisir, mais cette fois-ci nous sommes encore plus près du Popocatepl. Il nous gratifie encore une fois d’un toussotement et d’un nuage de fumée encore plus important que la veille. De ce piédestal, nous avons la chance d’apercevoir un autre spectacle étonnant : la danse de voladores. Deux hommes et deux femmes grimpent en haut d’un mât de 30 mètres (sans sécurité bien sûr), et s’attachent au tour de la taille à l’aide d’une corde reliée au mât. Assis tous les 4 sur de simples perches qui forment un carré encadrant le mât en son sommet, ils commencent par tournoyer autour du mât avant de se jeter dans le vide tête la première. C’est parti pour 52 tours de mâts, le temps qu’il faut à leurs cordes respectives pour atteindre le sol. C’est juste dingue. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché.


A quelques kilomètres de Cholula, se trouve Tonantzitla, un village dont l’église est chaudement recommandée par l’inévitable routard pour son style baroque surchargé. En effet, une fois sur place nous sommes scotchés par la décoration si particulière de l’église. Il n’y a pas un mètre carré qui ne soit recouvert par des sculptures de stuc peintes en rouge, vert, jaune, bleu, marron ou bien de feuilles d’or. C’est époustouflant. Certains y verront du mauvais goût, d’autres une dévotion absolue des fidèles. A notre grand regret il est interdit de prendre des photos pour vous restituer la singularité de cette église.


Vous l’aurez compris, notre escale à Puebla ne s’est pas cantonnée aux murs de la ville mais plutôt sur ses alentours magnifiques. Et puis surtout, ça aura été l’occasion de faire notre première vraie randonnée en Amérique. Nous gardons aussi un excellent souvenir des rencontres faites à l’auberge de jeunesse. C’est une chance de pouvoir partager nos expériences avec des voyageurs venus des quatre coins du monde.

Mais voilà qu’il est déjà l’heure de partir pour Guanajuato…



Guanajuato : une ville peut en cacher une autre


Guanajuato est une petite ville au nord de Mexico City (environ 5h de bus) dont les habitations et différents quartiers s’étendent très joliment sur les collines qui l’environnent de toute part. Elle est très réputée pour sa vie étudiante exceptionnelle et son architecture hors norme. Avec ses airs de village paisible de montagne, elle cache bien son jeu au premier abord avant de lever le voile et de se découvrir toute entière.


Enfin une ville dont les rues ne suivent pas un damier parfait et préétabli. Guanajuato est un véritable dédale et ça grimpe dur ! C’est aussi un ancien centre minier, l’un des plus importants au monde à l’époque coloniale. Du coup, le sous sol au-dessus duquel la ville s’est construite est un vrai gruyère qui sert désormais à la circulation. Au lieu de se casser la tête dans les rues étroites de la ville, les automobilistes et nombreux colectivos empruntent les kms de souterrains bien dissimulés. La pollution ne se ressent donc pas aussi fortement que dans les autres villes, et ce notamment grâce à ses nombreuses rues piétonnes. Un vrai bonheur pour les voyageurs que nous sommes. Notre auberge est perchée tout en haut sur la Panoramica, une route surplombant le centre historique et plus largement la ville et ses alentours. Pour s’y rendre il faut s’aventurer dans des ruelles escarpées, parfois un peu lugubres, et emprunter des dizaines d’escaliers en enfilade, raides et étroits qui vous coupent aussi bien les jambes que le souffle. Excellent entrainement pour un marathon. Autant vous dire que nous réfléchissons à deux fois avant de faire un aller-retour auberge-centre.


Après avoir profiter du soleil et du panorama depuis l’auberge autour d’un petit dej fruité, nous partons découvrir la ville. Beaucoup de bâtiments sont peints avec des couleurs pétantes ce qui donne à la ville des airs de mosaïque. Nous avons l’occasion de l’observer à maintes reprises mais particulièrement depuis le Pipila, une statue géante érigée en l’honneur d’un révolutionnaire mexicain sur une petite colline du centre-ville. L’après-midi, nous programmons une visite du musée « Las Momias », dont les mexicains sont ultra fans bien que le motif soit plutôt morbide. En effet, ce musée expose les cadavres du cimetière adjacent exhumés dans un état de conservation exceptionnel. Visions d’horreur garanties. Ici la législation autorise l’exhumation dès 5 ans après le décès et s’il n’y a pas opposition formelle de la famille. Le musée s’attache à retracer les conditions dans lesquelles sont mortes les macabres pièces exposées. Nous y prenons vite goût, derrière chaque macchabé il y a une anecdote effrayante ou un fait qui nous renseigne sur la vie au siècle dernier. Ainsi, nous découvrons une femme qui aurait été enterrée vivante des suites d’un mauvais diagnostique ou encore un homme poignardé dont nous voyons très bien la zone marronnasse où a été porté le coup mortel… gloups ! La plupart ont encore des résidus de cheveux et pour les plus chanceux quelques dents cariées. Grimaçants, secs et raidis, ces corps momifiés laissent songeur, mais il faut admettre que c’est assez rigolo.


La réputation de Guanajuato ne nous a pas trompée. La ville déborde de vie, de jeunes, de vieux et de musiciens (mariachis). Chaque ruelle nous révèle un nouveau coin sympa, un marché, des placettes romantiques à souhait et bordées de cafés, des théâtres, l’université, des églises magnifiques, des statues, des petits jardins, etc. A la tombée de la nuit, ce décor accueille une multitude d’artistes de rues pour le plus grand plaisir des locaux, des étudiants et des touristes. C’est un joyeux capharnaüm. Des processions de musiciens, appelés callejoneadas, déambulent dans les rues, suivis par des petits groupes d’amateurs de cette tradition typique de Guanajuato. Trompettes, guitares, contrebasses, accordéons et chanteurs, tous habillés d’un costume de velours très chic à la sauce mexicaine s’exécutent avec enthousiasme. Ces incessants défilés mettent la ville dans un état d’ébullition totale et ce tous les soirs.

Nous nous sommes aussi régalés en faisant une petite randonnée sur les hauteurs de la ville. Complètement seuls sur la balade, nous respirons le bon air. Ça fait un bien fou de sortir du tumulte urbain, le paysage montagneux est presque désertique mais reste colorée par les pierres jaunes, roses et même un peu vertes dont le sol est couvert.


Nous sommes ravis d’avoir tiré un peu plus au nord du pays, bien qu’il reste une immense étendue à découvrir jusqu’à la frontière avec les Etats-Unis. Cela fait déjà un mois que nous profitons d’un pays vivant, où les traditions et coutumes continuent d’animer et de lier les gens entre eux.


Nous sommes le 4 février, et nous quittons Guanajuato pour rejoindre notre prochaine étape : San Miguel de Allende où nous attend Sabrina pour notre second volontariat au Mexique. Nous y resterons une semaine. L’occasion de faire de nouvelles rencontres et de se reposer un peu aussi !


A très vite.



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