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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Mexico #2 - Le Chiapas

Dernière mise à jour : 2 oct. 2018



Ca y est, après une dizaine de jours passés dans le Yucatan, changement de décor. Au revoir douce chaleur et mer turquoise, bonjour fraicheur et montagnes vallonnées, le Chiapas nous ouvre ses bras pour notre plus grand plaisir.

 

Située à la frontière du Guatemala, nous sommes impatients de découvrir cette région riche de paysages réputés fantastiques et variés et d’une culture locale atypique et préservée avec ferveur par les communautés indigènes qui la peuplent. Et en effet, sa jungle luxuriante, ses denses forêts de pins en altitude, ses villes et villages à flan de montagnes, sa singularité culturelle nous ont tout à fait impressionnés.


Palenque : Welcome to the Jungle


Partis de Merida à 22h45, c’est avec joie que nous arrivons de bon matin au terminal d’autobus de Palenque. Bonne surprise, nous avons dormis presque tout le long du trajet. Pour info, au Mexique, le transport se fait quasi exclusivement en bus. Ici pas de SNCF et de gares ferroviaires, mais une quantité de compagnies de bus qui sillonnent l’ensemble du pays grâce à un arsenal de terminaux stratégiquement placés. De jour comme de nuit, ces bus, dont les tarifs varient entre très abordables et chers, transportent des milliers de voyageurs. Le panel d’offres est juste ahurissant : 2ème, 1ère classe, Bus de luxe, bus de luxe ++. Rien à voir avec Flixbus et OuiBus que l’on connait. A partir de la 1ère classe (et plus) le service est souvent digne d’une classe affaire en avion. Forcément plus c’est cher, mieux on est loti : espace XXL, siège inclinable, rehausseur de pieds, télévision individuelle, snacks, etc. On trouve ça super, bien que pour notre part on privilégie plutôt la 2ème classe pour les trajet en journée et la 1ère classe pour les trajets de nuit et longs. Le réseau de bus urbain, tout aussi développé et dense, offre un service beaucoup plus basique voire rustique et fonctionne davantage de manière implicite et spontanée. C’est pas mal non plus.


Cela étant dit, c’est donc relativement en forme que nous prenons la direction des ruines, après avoir préalablement acheté nos billets pour le trajet vers San Cristobal de Las Casas, le soir même. Il est 7h30 quand le colectivo nous débarque à l’entrée du site qui n’ouvre ses portes qu’à 8h. Il n’y a donc pas foule au guichet, et c’est avec 3 ou 4 autres personnes que nous entrons finalement dans l’ancienne cité Maya, Palenque, qui signifie « entouré d’arbres ». Encore un peu dans le brouillard matinal, on devine les contours de la cité perdue dans la montagne. On suit d’abord un petit sentier qui monte et enfin on arrive au cœur du site. Magique ! De tous côtés des temples en bonne conservation émergent d’entre les arbres ou en haut de collines. Certains se perdent plus loin dans la jungle où l’on peut apercevoir des singes hurleurs se glisser de branches en branches. Ici et là, des vendeurs de souvenirs installent leurs bâches au sol et font retentir LE produit phare, un instrument qui imite le rugissement du jaguar et résonne dans la vallée. On se croirait dans un Indiana Jones. Clou de la visite, il est autorisé de monter sur les ruines et empruntant leurs escaliers raides et aux marches très étroites. Bien sûr on ne s’en prive pas, et on arpente chacun des monuments l’un après l’autre d’où l’on peut profiter de vues magnifiques sur les ruines, la jungle et/ou la vallée. C’est un spectacle enchanteresse dont on a du mal à se lasser.

Finalement, on redescend dans la vallée par un chemin bucolique dans la jungle, où l’on trouve encore d’autres ruines aux côté de cascades et d’arbres gigantesques. En bas, un musée retrace l’histoire du site et présente de très belles reliques aux visiteurs. On ne regrette pas du tout notre arrêt dans les ruines de Palenque, qui vaut cent fois le détour, à l’inverse de la ville actuelle de Palenque, qui elle ne reflète pas vraiment son glorieux passé...

Bien tannés par notre journée, nous nous en retournons au terminal de bus, pour une nouvelle nuit sur la route. Direction San Cristobal de las Casas.

San Cristobal de las Casas : capitale des Amérindiens


C’est dans la très jolie ville de San Cristobal de las Casas que nous nous arrêtons pour quelques jours afin de découvrir plus en profondeur le Chiapas. On n’est d’ailleurs pas mécontents à l’idée de dormir plusieurs jours au même endroit après deux nuits passées en bus qui nous ont laissé de petites poches sous les yeux. Perchée à 2140 mètres d’altitude, San Cristobal de las Casas profite d’une situation et d’un climat très agréables, à condition de ne pas être trop frileux, car en hiver, bien que les températures soient douces en journée, elles peuvent être fraiches en soirée et la nuit. Mais enfin rien d’insurmontable et on le comprend très vite en arrivant, une polaire le soir et le tour est joué.

Arrivés tôt à notre auberge, nous prenons une bonne douche et discutons autour d’un café chaud avec Paco, le propriétaire des lieux. Très gentil et chaleureux, Paco nous présente en large et en travers les différentes attractions mais aussi les insoupçonnables de la région. Enfant du pays, il le connait par cœur et nous communique son enthousiasme sans limites (pour à peu près tout).

Sur ses bons conseils, nous décidons de nous rendre en début d’après-midi dans une petite ville un peu plus haut dans la montagne : Chamula.


Chamula : étrange petite ville mystique du Chiapas


En ce dimanche, l’activité est importante à Chamula puisque c’est le jour du marché et surtout le jour du Seigneur. Très pieux, les Mexicains vivent avec intensité leur foi. Mais jusqu’à maintenant nous n’avions pas encore été réellement témoins de festivités ou d’activités liées à la religion, si ce n‘est une procession à Valladolid. Toutefois, Paco nous a prévenu que ce que nous allions y découvrir serait un peu spécial et peu commun. A l’approche de la place centrale, où s’installe le marché en face de l’église, nous entendons des pétards et de l’animation. C’est assez courant au Mexique, où il n’est pas rare de voir quelques feux d’artifices amateurs, même en journée. Une fois sur place, nous apercevons un cortège composé de deux cavaliers et d’hommes à pieds vêtus de tuniques colorés et de jupes en poil de mouton et portant une sorte de bonnet/casque. Les hommes à cheval brandissent au bout de leur perches des étendards (à l’effigie probable de San Juan Baptista) et se rincent régulièrement le gosier à l’aide de Pox (une boisson très fortement alcoolisée à base de Maïs, de sucre de canne, de blé et vraisemblablement infecte), un véritable tord boyaux. Ce petit groupe fait le tour de la place en continu et à chaque passage devant l’église, des hommes postés allument des feux d’artifices artisanaux qui nous rendent sourds. C’est assez étonnant, et on ne comprend pas vraiment le sens de tout cela, mais c’est la coutume.


A Chamula, les photos sont totalement proscrites dans l’église, et de manière générale les habitants n’apprécient pas l’objectif. Mieux vaut être discret et se fondre dans la masse. Au moment d’entrée dans l’église on comprend enfin l’intérêt très singulier porté à Chamula, le spectacle est saisissant.

A l’intérieur pas de bancs ni d’autel, pas de vitraux ni de spots lumineux mais un parterre d’épines de pins et des bougies à l’infini. Un peu partout des petits groupes se placent au sol et installent devant eux des rangs de bougies qu’ils allument au fur et à mesure de leurs prières. Cela peut durer des heures, le temps que toutes les bougies soient consumées. Sur les murs de l’église sont disposés dans des vitrines bordées par de grandes tentures vertes et dorées et de bouquets de fleurs fraiches des dizaines de statues de Saints. Devant elles, une multitudes de bougies posées sur de grandes tables brillent de mille feux. Au début il faut s’habituer à cette lumière tamisée qui induit une atmosphère assez obscure et surtout produit de la chaleur. Plus on s’avance dans la nef, plus il fait chaud. La plupart des fidèles sont vêtus d’habits traditionnels (comme ceux de la procession) et ne paraissent pas subir la lourdeur de l’endroit. Obnubilés par leurs prières qu’ils disent à voix haute (uniquement les hommes), ils semblent être dans une sorte de transe. Dans le chœur, point de Jésus sur la Croix, mais une grande statue de Saint Jean-Baptiste, emblème de la ville.


En réalité, aucun prêtre ne s’est aventuré dans cette église depuis 1867… Le culte suivit dans cette petite ville habitée par des amérindiens, et surement partagé dans les alentours, s’apparente davantage à un mélange entre ancienne religion maya, chamanisme et catholicisme. Selon la requête portée par le fidèle (guérir une maladie, faire de bonnes affaires, faire un bon mariage, etc.), ce dernier devra disposer un nombre précis de bougies et déclamer autant de prières que nécessaire à leur liquidation totale. On ne sait pas trop se situer là-dedans, on observe juste.

Une fois sortis, la parenthèse se referme et on retrouve l’agitation, le bruit, la lumière. On repart tranquillement mais avec pas mal de questionnements.


Oventik : Viva la Revolucion


Le lendemain matin, nous quittons l’auberge après avoir partagé le petit dej avec deux vieux corses baroudeurs bien marrants et prenons un combi pour rejoindre Oventik, village zapatiste perdu dans la montagne. Après une heure de trajet, on arrive à destination et on découvre un village fermé par un grand portail. A l’entrée, une femme et un homme cagoulés nous accueillent, inscrivent dans un registre nos identités (nom, pays, profession) et nous demandent la raison de notre présence. En fait, la communauté zapatiste est née en 1994 d’un mouvement de protestation des populations indigènes du Chiapas contre des politiques du gouvernement. Ils revendiquent leur autonomie et leur indépendance et défendent un idéal démocratique fort où chacun est l’égal de l’autre. Ils s’opposent au capitalisme destructeur et pervers qui détruit leur identité et paupérise la région. Ils prônent un mode de vie construit autour de la communauté et le bien commun. Cette protestation est alors violemment réprimée par le gouvernement. Les symboles adoptés par la révolution sont forts et percutants, notamment la tenue (cagoule ou bandana rouge dissimulant le visage) et les slogans que continuent d’utiliser les zapatistes leur combat pour faire valoir leurs droits. Après des années de négociations, de trahisons et d’incertitude, le climat s’est un peu calmé et le gouvernement « tolère » aujourd’hui leur autonomie. Les zones où vivent les communautés zapatistes sont interdites d’accès aux fonctionnaires de l’Etat. Ce mouvement alternatif et revendicatif est majoritairement soutenu par l’opinion publique dans le Chiapas.

Une fois les formalités remplies, on attend encore une bonne demie heure avec 4 autres personnes, curieuses comme nous de découvrir cette communauté rebelle pacifique. Finalement, un habitant arrive (toujours cagoulé) et nous fait faire le tour du village. Partout, des fresques racontent l’histoire du mouvement zapatiste sur les maisons, l’école, les bâtiments collectifs. Dans un hangar, des dizaines de peintures sont exposées et illustrent la vision de l’Histoire et du monde actuel perçu par les zapatistes. On est surpris de voir le village quasi désert et on comprend plus tard que se tiennent en fait des réunions de villageois dans différents bâtiments. Au moment de partir, tout le monde, hommes, femmes et enfants réapparaissent et rejoignent leurs maisons ou activités.

On repart sans plus d’explications que celles que nous avions cherchées sur internet mais avec une meilleure idée de ce que représente cette vie en communauté. La route du retour emprunte le même chemin qu’à l’aller au milieu des montagnes arides qui nous offre de beaux paysages.

Le soir on retrouve nos deux corses toujours aussi sympathiques et on rencontre Sara et Simone, un jeune couple franco – italien habitant Berlin. On décide de les suivre le lendemain pour une visite du Canyon de Sumidero.


Canyon de Sumidero et Parachicos : nature et folklore du Chiapas


Pour aller au Canyon nous avons choisi de profiter d’un agence qui propose des tours. On est pas fan du principe mais cette fois – ci il est plus avantageux d’y recourir. La visite du Canyon dure 2 heures et se fait en bateau moteur d’une capacité d’environ 20 personnes. Le conducteur explique pas mal de choses quant à la création et à la faune et la flore qui l’habitent mais on comprend pas tout malheureusement… Toutefois, on profite d’une belle promenade, parfois à grande vitesse. On croise des pélicans, des singes, des crocos et des vautours.

De retour dans le bus, on prend la direction d’un village où a lieu un festival annuel : les Parachicos. C’est le dernier jour de cette semaine de festivités, et on est contents de pouvoir en profiter car le spectacle est d’importance. Des hordes d’hommes et de jeunes garçons déguisés de manière improbable déferlent dans le centre et forment une procession qui traverse le village et grossie au fur et à mesure. Tous portent des masque de saints sur le visage et une sorte de chapeau en forme de champignon jaune. Ils ressemblent à des poupées. Vêtus de tuniques colorées, ils agitent des maracas et font de drôles de bruits en se répondant les uns aux autres. C’est génial et super beau. On se demande comment ils font pour supporter la chaleur. Des femmes magnifiquement habillées accompagnent le cortège.

Malheureusement on quitte la fête populaire avant la fin.


Cela fait 3 jours que l’on profite également de la ville de San Cristobal au charme incontestable. Ses faubourgs grimpent sur les montagnes qui la cernent. La lumière est à toutes heures de la journée chaleureuse et douce, surtout en fin de journée depuis la petite église Guadalupe qui surplombe la ville. C’est aussi la première fois de notre séjour que l’on emprunte des rues piétonnes, pleines de vie et très dynamiques. Là aussi la musique est partout et on assiste même à une répétition de danse traditionnelle. Le marché ressemble à un souk avec des allées très étroites et couvertes par des bâches. On y va tous les jours faire nos courses. Plusieurs places accueillent les badauds, souvent des petits papis à la recherche de camarades de discussion. C’est d’ailleurs sur un banc du Zocalo que l’on fait la connaissance de Julio Cesare, un retraité curieux de nous connaitre. On parle de tout et de rien, et on rigole bien pendant une bonne heure. Ca nous fait travailler notre espagnol. Il nous pose des tas de questions et nous échangeons beaucoup sur nos différences culturelles. Il n'a plus beaucoup de dents mais son sourire est super.


San Cristobal de Las Casas nous a conquis tout comme le Chiapas de manière générale. L’hospitalité et la singularité des lieux en font un endroit où il fait bon vivre et où l’on s’attarderait bien volontiers. Mais il faut déjà reprendre la route pour Oaxaca, plus au Nord, où nous nous sommes donnés rendez-vous avec Sara et Simone. Ca promet !

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