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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Colombie #3 - La fin des Amériques


Du 28 août au 10 septembre



Comme à leur arrivée, c’est autour d’un déjeuner « gastronomique » dans la gare routière de Pereira que nous faisons nos adieux à Paul et Catherine. Une fois embarqués dans un taxi, nous montons à notre tour à bord d’un bus à destination de Cali, capitale de la salsa, où nous rechargeons les batteries avant de prendre la direction de Buenaventura, sur la côte pacifique.



Juanchaco et ses baleines à bosse


Buenaventura, situé dans l’Etat de Valle del Cauca, est le principal port de la côte Pacifique colombienne. Très industrialisée, la ville ne fait pas rêver d’autant qu’elle n’a pas franchement bonne réputation, à l’instar de l’Etat voisin, le Choco. Dans le bus, plusieurs personnes nous mettent en garde, ici le trafic marchand va bon train et pas uniquement dans la sphère légale, le taux de criminalité y est l’un des plus importants du monde. Sur le chemin de l’embarcadère nous croisons bon nombre d’ouvriers casque sur la tête et chaussures de sécurité aux pieds. Le port accueille d’énormes porte-conteneurs sur des dizaines de quais et expédie 60% des marchandises du pays.


Nous ne nous éternisons pas et rejoignons en lancha Juanchaco, un tout petit village situé à l’extrémité d’une presqu’île, à 1h30 plus au nord. Perdu dans le parc naturel d’Urumba Bahia Malaga, l’accès ne peut se faire que par voie maritime. Nous rejoignons notre auberge, elle-même encore un peu plus enfoncée dans la baie, avec d’un côté le bras de mer et de l’autre une forêt tropicale dense et détrempée. La marée basse laisse apparaitre une plage en contrebas, l’occasion de prendre un bon bain chaud et d’explorer les environs. L’auberge donne l’impression d’un camp de naufragés, sans internet et faite de brique et de broque, on s’y sent loin de tout, comme des robinson. Les ondées sont fréquentes et torrentielles, la nuit un orage éclate juste au-dessus de nous, c’est cataclysmique.


Mais si on est venu là, ça n’est pas uniquement pour se faire mouiller. En réalité, le parc naturel accueille tous les ans à cette période des baleines à bosse venues se reproduire et donner naissance à leurs petits. Les excursions se font à bord de petites lanchas. Ce matin là, nous sommes 5 avec notre conducteur, et à peine quelques minutes après notre départ, nous rencontrons nos premières baleines, un petit et sa mère. Le baleineau nous gratifie d’une série de sauts hors de l’eau pendant que sa maman l’escorte tranquillement. S’il saute ça n’est pas pour s’amuser mais pour se débarrasser des parasites. Il est déjà énorme, peut-être 5 mètres de long, et même si sa mère ne l’imite pas, nous pouvons facilement imaginer sa taille gigantesque au gré de ses apparitions à la surface qui lui sont nécessaires pour respirer. Son immense dos émerge alors, nous laissant circonspects quant à sa face encore immergée. Nous suivons les mammifères marins en respectant un distance de sécurité (min 20 mètres), mais sommes tout de même assez proches. On se rend bien compte que cela doit les déranger, même si pour nous ce spectacle est absolument magnifique. D’autres baleines apparaissent ici et là et nous les admirons longtemps, le cœur battant. L’Etat colombien réglemente le tourisme autour des baleines à bosse, il est notamment interdit de les approcher lorsque les naissances ont lieu. Cependant nous ne savons pas dans quelles mesures la réglementation est respectée et si celle-ci est suffisante. Et même si on est trop heureux d’avoir pu assister à ce spectacle fantastique de la nature, on a quand même des remords. Est-ce qu’on le referait ? On ne pense pas.


Cali, capitale de la salsa


Retour à Cali avant de reprendre la route pour le sud. Nous nous étions décidés trop tard lors de notre premier passage mais cette fois, c’est décidé nous allons tenter de danser quelques pas de salsa. La danse ici est omniprésente et surtout TOUT le monde sait danser. Et bien en plus. Nous prenons un cours d’une heure avec Juan Carlos. Face à deux européens beaucoup trop figés, il s’évertue tout d’abord à nous faire bouger nos corps de manière un tant soit peu chorégraphiée. Pas question de devenir des pros en si peu de temps, juste d’avoir les bases. En l’occurrence, on peut même parler de bases des bases. Le soir même se déroule un évènement mensuel et ouvert à tous qui rameute les foules, « Salsa en la calle ». On espère secrètement pouvoir y déployer nos récents acquis… Mais c’est peine perdue. Arrivés sur place, on comprend très vite qu’on a pas à faire à des amateurs comme nous. Enfin plutôt à des nulos comme nous. Parce qu’en fait, c’est bien vrai, ici la danse est innée. Pas besoin d’être pro pour envoyer un max et ça se passe juste sous nos yeux.


La fiesta se déroule dans une grande cour d’école où siège en son centre une scène depuis laquelle l’animateur s’égosille la voix au-dessus de la musique. Des chaises sont disponibles à la location et déjà la cour en est remplie. Familles et amis se retrouvent ici pour la soirée. Chacun apporte sa petite bouteille de rhum à partager, des bières et surtout ses percussions. Les musiques sont choisies par des volontaires désireux de faire découvrir un de leur tube fétiche ou tout simplement de réécouter un incontournable de la salsa. En contre partie d’un petit billet, des participants se succèdent sur scène pour présenter leur musique et faire danser leurs compatriotes. Mais le pompon est ailleurs. Si certains dansent comme des dieux ou discutent, d’autres apportent leur contribution en faisant résonner avec frénésie leur instrument (maracas, claves, guiro, campanas). Le résultat est électrique. L’ambiance est géniale. Tout le monde a la banane et ça se voit. Les couples qui dansent nous laissent pantois, il y en a pour tous les styles. Au pas de danse toute en finesse, répondent des enchainements quasi acrobatiques. Alors vous l’aurez deviné, avec notre petite heure de cours nous n’osons pas nous lancer au milieu de tous ces experts, ce serait faire tâche. Mais nous ne ratons rien de ce qui nous entoure. C’est trop beau.



Popayan et le volcan Purace


Après Cali et ses nuits fiévreuses, nous descendons encore un peu plus dans le sud, à Popayan, la villa blanca, capitale de l’Etat du Cauca. Si depuis le début de notre périple en Colombie nous avons pu voir de nombreux villages avec des maisons aux façades blanches, le cas Popayan est encore différent. Car ici absolument tous les édifices sans exception sont recouverts du même blanc et sur l’ensemble de la surface. Ce phénomène a bien évidemment une raison et celle-ci est hygiénique. Il y a de cela quelques temps désormais, les habitants étaient frappés par un horrible champignon purulent qui leur démangeait le corps et surtout les pieds puisque c’est au contact du sol en terre qu’ils l’attrapaient. Afin d’endiguer ce problème qui décimait la population, il a été décidé de recouvrir les murs de chaux afin d’aseptiser les maisons et ainsi préserver les habitants. La visite guidée de la ville nous a apporté son lot de détails assez morbides mais aussi une multitude d’infos sur cette ville dynamique et universitaire longtemps à la merci des guérilleros du groupe M-19.



Proche de Popayan, nous faisons un saut à Silvia, petite ville de montagne réputée pour son grand marché du mardi qui rassemble les 3 communautés indigènes de la région. Le passage vaut le détour tant le lieu est resté fidèle à lui-même, quelques touristes ont fait le déplacement, mais ce sont bien essentiellement les locaux qui viennent ici. Les différentes tenues traditionnelles se croisent dans les allées du marché et sur la place centrale de Silvia. L’une des communauté arbore une tenue très jolie, cape bleu nuit très pimpante doublée à l’intérieur d’un tissu rose bonbon, jupe brodée et chapeau melon. Hommes et femmes sont presque à l’identique et sachant que leurs têtes sont vraiment atypiques, le résultat est détonant.



A côté de Popayan, on trouve le Volcan Purace lui-même situé dans le parc naturel du Purace, autre paramo de Colombie. Haut de 4700m, c’est notre dernière rando sur les terres américaines. Accompagnés d’Aurélien, un français rencontré à Silvia, de Clémentine et de Pierre, un couple de bruxellois en vacances pour 3 semaines, nous nous levons aux aurores pour partir à l’assaut du géant. C’est une communauté indigène qui est en charge du parc et c’est donc Alonso, l’un des indigènes qui nous servira de guide durant les 1600 mètres de dénivelé qui nous attendent. Il nous apprend beaucoup de choses sur la cause indigène. Le temps est très changeant, tout comme le paysage. De prairies vallonnées, nous passons à des chemins boueux plus abruptes. Il fait très humide et le sol est gorgé d’eau. On finit par arriver à une base militaire désaffectée qui annonce l’arrivée dans le paramo. On retrouve les éléments typiques de cette montagne et notamment les fameux frailejones, bien que moins nombreux qu’à Santa Isabel et Oceta. La montée est rude physiquement et bientôt à cause de l’altitude c’est le souffle qu’il faut gérer consciencieusement. Nous avons la chance d’être un peu plus accoutumé que nos compères. Au-delà de 4200m le paramo laisse place à la rocaille volcanique toute noire. La pente est plus abrupte encore, et il faut se battre avec le vent et le froid qui s’intensifient. Nous arrivons enfin au cratère, profond de 250m, mais impossible de voir quoique ce soit, les nuages obstruent la vue. Le temps de faire quelques photos et nous entamons la descente. Gracias a dios, la vue se dégage enfin. Le soleil nous réchauffe et nous ouvre la vue sur la vallée toute illuminée. Les couleurs retrouvent toute leur intensité. Une fois de plus, c’est un régal.



Le désert de la Tatacoa


Comme bien souvent en Colombie, les kilomètres inscrits sur une carte n’indiquent pas grand-chose quant à la durée du trajet. Celui entre Popayan et le désert de la Tatacoa n’aura pas échappé à la règle. A peine 260 km sur le papier mais 12 heures de route sur une piste de Montagne complètement défoncée à bord d’un mini bus au bout de sa vie, dont le pot d’échappement crache directement dans l’habitacle, c’est assez douloureux. La route la plus directe nous fait en fait traverser tout le parc naturel du Purace. Les paysages sont donc superbes mais le chemin impossible et le véhicule clairement pas adapté. On est donc carrément heureux d’arriver, enfin pas tout à fait car il nous faut encore rejoindre notre auberge à l’entrée du désert, 1 heure de route en plus. C’est reparti.


Le désert de la Tatacoa n’est pas très vaste et est composé en réalité de 3 déserts différents : le gris, le blanc et le rouge, qui ont fait sa réputation. Juchés sur nos vélos de fortune (c’est peu dire) nous partons le matin à la fraiche afin d’éviter le cagnard. On démarre avec le désert gris, le plus grand des 3 dont l’érosion des sols a creusé de micro vallées très arides et stratifiées qui rappellent des reliefs du far west. A la peine sur nos vélos de misère, nous en écumons les différents coins et nous nous promenons sur des plateaux et sentiers où l’on ne croise personne. Mais nous commençons à rôtir sous le soleil de plomb. On décide de faire une pause avant d’aller se balader, en fin de journée dans le désert rouge, encore plus spectaculaire. Véritable labyrinthe, un sentier balisé a été créé récemment pour éviter aux visiteurs de se perdre. La lumière du soleil couchant illumine les canyons version miniature du désert rouge. Peuplé d’oiseaux qui virevoltent de cactus en arbustes, on a l’impression d’être dans un décor de Lucky Luke ou de vieux western. C’est magnifique. De quoi clôturer en beauté notre voyage en Colombie.




Presque 8 mois pile après notre arrivée à Cancun au Mexique nous nous apprêtons à repartir pour la France. Une dernière journée à Bogota pour faire quelques emplettes et dire au revoir à notre chère amie Natalia et nous décollons pour l’hexagone où nous n’avons pas fini de vadrouiller.


Ce séjour en Amérique latine nous aura apporté bien des merveilles et un nouveau regard sur l’Histoire d’un continent que l’on connait assez peu finalement. Au-delà de l’incroyable richesse des paysages, de la faune et de la flore, on retient surtout la chaleureuse hospitalité et simplicité des personnes que nous avons croisées ou qui nous ont accueillies, celles d’un jour ou de plusieurs mois. Que de belles rencontres !


Après notre petite « pause fromage » d’un mois, nous remettons le couvert à sac à dos et toujours tous les deux. Cap sur le Sri Lanka, première étape asiatique…




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