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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Colombie #2 – Deux visiteurs, venus d’ailleurs

Dernière mise à jour : 19 oct. 2018



Du 12 au 28 août.


Quelle joie, quel bonheur ! Nos amis Catherine et Paul nous font l’honneur et le plaisir de venir voyager quelques temps avec nous en Colombie. Prévu depuis un moment déjà, à l’approche du D-Day, nous sommes de plus en plus impatients, forcément.



Carthagènes, retrouvailles coloniales


Le RDV est donné à Carthagène des Indes, ville emblématique de la côte caraïbe et située dans la Région Bolivar (toujours lui). Réputée pour son architecture coloniale très colorée, c’est un passage quasi obligé. Une fois les retrouvailles fêtées en grandes pompes dans un comedor un peu miteux, nous entamons nos pérégrinations dans la ville et notamment dans son vieux quartier, au charme certain et bien entretenu, sous une chaleur étouffante. Vibrante de jour comme de nuit, métissée et visiblement prospère, Carthagène ne ressemble à aucune autre ville de la Colombie. Sur le bord de mer, des familles font voler leurs cerfs-volants de fortune pendant que des dames en robes traditionnelles caribéennes essayent de tirer quelques billets à des touristes en échange d’une photo.



Tayrona, plages paradisiaques et enclave indigène


Après 2 jours sur place, nous prenons la route tous les quatre vers Santa Marta pour nous rendre au Parc de Tayrona où nous prévoyons de passer 3 jours. Vaste réserve qui s’étend le long de la mer Caraïbe, ce parc recèle certaines des plus belles plages du pays et une jungle tropicale sèche qui s’enfonce dans les montagnes. Paysages à couper le souffle, on est comme des coqs en pâte, les pieds dans l’eau, où l’on profite des fonds marins peuplés de poissons, de crustacés et quelques caïmans égarés. Ces crustacés, parlons-en justement, puisqu’ils auront causé la perte de la meilleure d’entre nous... Fan des ceviche de crevettes et dans le feu de l’action sous un beau soleil, Catherine s’est laissée tenter par l’un d'eux dans une gargote en bord de mer… un peu suspecte a posteriori. Et ça n’aura pas trainé, dès la première nuit, la pauvre Cat se trouve mal et la bactérie, bien installée, ne va pas la lâcher pendant près de 10 jours ! Saleté.


En hamac ou sous tente, les nuits sont plutôt rustiques et courtes. Le dernier jour nous rejoignons une sortie du parc en randonnant à travers la forêt et les montagnes. On escalade d’énormes rochers et contemplons le panorama donnant sur la mer. A mi chemin, nous passons par el Pueblito, un village indigène où vivent toujours quelques familles de Taironas dans des maisons circulaires en terre cuite. Des vestiges cohabitent avec l’actuel dans une très jolie harmonie. Cheveux longs et noirs, toile blanche en guise de vêtement, petits par rapport à la moyenne colombienne et visages plus marqués, ils continuent de vivre en suivant leurs traditions et croyances. On ne sait pas trop si on devrait être là, on a l’impression de faire un saut dans le temps et à la fois de s’immiscer là où l’on ne devrait pas. Le chemin n’est pas très emprunté, mais ils ont tout de même l’habitude de voir passer par chez eux quelques personnes comme nous. L’un d’eux nous propose d’ailleurs de lui acheter de l’eau, sans insister.

D’autres communautés, comme les Kogui, dans la Sierra Nevada, proche du parc, interdisent complètement l’accès à leur communauté aux étrangers, mêmes colombiens, exception faite des quelques touristes qui alignent les billets pour aller vivre une « expérience profondément humaine » d’une journée avec des guides... Dans ces communautés, la trace des persécutions est encore là, les mémoires n’oublient pas. Elles se protègent autant que possible.



Aparté indigène


A propos des communautés indigènes en Colombie, le pays en compte plus de 80. Elles disposent désormais d’un statut unique et sont régies par leurs propres règles avec leurs propres autorités. Elles ne répondent donc pas du droit commun. Sur le papier cela parait respectueux et nécessaire à la préservation de leurs identités et coutumes, cependant cela induit une rupture avec le reste des Colombiens. Alors que pendant des années les indigènes se sont battus pour leurs droits et pour la préservation de l’environnement et des écosystème dans lesquels ils vivent, leurs voix sont aujourd’hui étouffées ou détournées. De revendications à destination de l’Etat, leurs combats se sont mués en conflits ou frictions internes ou avec leurs voisins non indigènes. Cela pour la simple raison que le gouvernement a décidé de donner la propriété de lieux, notamment des parcs nationaux, à certaines communautés indigènes en expropriant les paysans qui y vivaient et travaillaient. Le bonheur des uns a donc fait le malheur des autres.

En plus de cela, à chaque nouvelle naissance, les parents reçoivent une pension et ce jusqu’aux 5 ans de l’enfant, ce qui n’est pas le cas des autres colombiens. Grâce à ces quelques avantages, l’Etat s’assure la paix sociale et la fin des revendications indigènes alors qu’en réalité leur situation ne s’est pas réellement améliorée, la pauvreté reste l’apanage de la majorité d’entre eux et cela induit un déséquilibre avec les paysans, eux-mêmes très pauvres qui perdent quantité de droits. Seuls certains indigènes en tirent les bénéfices (la corruption n’épargne pas grand monde), au détriment des autres, peu ou pas éduqués du tout…

Et dans le même temps, le gouvernement ultra-libéral d’Uribe d’abord, et maintenant de Duque, sa marionnette, grignote toujours un peu plus sur les zones protégées avec de grands projets industriels et agricoles qui polluent et détériorent irréversiblement l’environnement. Les indigènes ne peuvent plus y faire grand-chose.



Medellin, Pablo Escobar haït, sauf des touristes


Ville à la légende plutôt récente, Medellin s’est forgée une réputation mondiale en peu de temps et grâce à deux choses : Pablo Escobar d’une part, Netflix d’autre part. Escobar, le grand patron de la drogue, multi milliardaire, qui a fait trembler les plus puissants et déstabilisé tout un pays pendant des années et dont Netflix s’est librement inspiré de la vie pour réaliser une série à grand succès, Narcos. Alors forcément, quand on vient à Medellin, fief incontesté du narcos le plus recherché de la planète, ça trotte un peu dans la tête. Mais une fois sur place, on se rend vite compte que du côté colombien, Pablo Escobar est loin d’être l’espèce de anti-héros que Netflix présente dans sa série. Ici, le souvenir est encore douloureux tant la violence et la mort ont été les maîtres mots de cette période, véritable guerre ouverte entre les narcos et le gouvernement. Mort depuis plus de 20 ans désormais, le trafic de drogue ne s’est pas arrêté pour autant et prospère tous les jours davantage. Cartels, para-militaires, guerilleros, hommes politiques, tout le monde y baigne puisque c’est le jackpot.

Mais sur place il est difficile d’être confronté à cette réalité à moins d’aller chercher là où il ne faudrait pas. L’immense ville qui s’étend sur les collines environnantes ne semble plus être le théâtre de règlements de compte aussi fréquents que par le passé. Il semblerait que les embrouilles se fassent ailleurs, dans les montagnes, dans la jungle ou aux frontières, près des lieux de production et de trafic. Il y aura eu un avant et un après Pablo Escobar dont il semblerait que les narcos aient appris qu’il vaut mieux vivre caché pour vivre tout court.


Ainsi donc nous passons 2 jours à nous balader dans différents quartiers de la ville, certains dans la vallée, d’autres dispersés sur les versants des montagnes autour, auxquels on accède en téléphérique. Parsemée de gratte-ciels de briques rouge qui contraste avec le vert des montagnes, Medellin a une belle allure.

On s’attarde surtout dans un quartier au passé très sulfureux, marqué par l’extrême violence due au trafic de drogue, et qui a longtemps été considéré comme un coupe gorge. Aujourd’hui et grâce à des politiques de reprise en main du quartier par ses habitants, la Comuna 13 s’est radicalement transformée. Partout graff et œuvres d’art ornent les façades des ruelles et des maisons. Un parcours y a même été installé pour inviter les touristes à s’y aventurer. Des tours gratuits, guidés par des locaux, racontent l’histoire de la ville et du quartier et remettent les idées en place quant à Pablo Escobar, ses sbires et le narcotrafic en général.



La zona cafetera, des montagnes de café


Premier arrêt dans la fabuleuse zona cafetera, Filandia, petite ville typique du coin aux façades très flashies. Chacun y va de sa combinaison improbable, vert fluo, marron et rose, ou orange, bleu turquoise, vert. Ici les gens portent les noms de Paisas ou Paisos, et sont réputés pour leur grande gentillesse. Et y’a pas à dire, ils sont effectivement adorables. Bien sûr ici comme ailleurs dans la Zona Cafetera, la production de café est essentielle à l’économie et quelques artisanats se sont développés autour d’elle comme la fabrication de paniers en lianes séchées destinés à la récolte des grains. Un petit musée en raconte l’histoire et les procédés, mais à l’heure du tout-plastique, le secteur a du se réinventer pour produire d’autres objets plus de décoration. On aurait voulu pouvoir tout acheter ! Notre logeuse, Lucia, nous rencarde sur un certain David qui se prête volontier au métier de guide en plus de son emploi comme professeur d’ingénierie. Nous passons une grosse matinée avec lui dans la finca de café d’une famille du coin où les caféiers cohabitent avec tous les arbres possibles, avocatiers, arbres à lulos, citronniers, etc et dont David nous remplit les poches. De la récolte à la production, on passe par toutes les étapes et en musique. David nous apprend quelques rudiments de salsa avant de conclure sur un déjeuner de la muerte.


Après Filandia, nous partons en direction de Salento, plus touristique mais joli aussi à l’entrée de Los Nevados, un massif montagneux très prisé des trekkeurs. De là, nous nous rendons dans la vallée de Cocora où l’on trouve des spécimens de palmiers géants. Immenses et aux troncs complètement nus et lisses, ces palmiers disséminés ça et là donnent une drôle d’impression, comme s'ils avaient été rajoutés au décor de montagnes d’un vert pétant et de forêt plus sombre. En montant dans la montagne, on arrive sur une sorte de refuge dont les alentours sont peuplés de colibris. Ils virevoltent par dizaines autour de nous. Bleu, vert, violet électrique, on en prend plein les yeux. Le même soir, nous nous essayons au tejo, « sport » national qui consiste à jeter sur une plateforme installée à quelques mètres de nous et inclinée vers nous un palet en fonte. Le but est de viser un cercle en métal incrusté au centre de la plateforme et sur lequel sont positionnés des pétards. Selon notre lancer et son résultat on gagne un certain nombre de points, le but étant de faire péter un maximum de pétards évidemment tout en atteignant le cœur de la cible. Tout ça arrosé de bière ou d’aguardiente pour les plus farouches. Ambiance assurée !



Manizales, allez plus haut


Dernière vraie étape avec nos copains Paul et Catherine, nous terminons en beauté avec Manizales, à l’entrée nord de Los Nevados. Là-bas nous faisons la rencontre de Lucho, parapentiste chevronné avec qui nous décidons de partir faire une virée. Ce dernier travaille 3 mois par an à Annecy et organise de grosses compétitions sur son spot Colombien. Accompagné d’un de ses compères on se lance par deux depuis les hauteurs et volons au-dessus de plantations en terrasses. Avocatiers, caféiers, palmiers, bananiers, sous nos pieds, los Nevados juste derrière, le paysage est à couper le souffle.


Le lendemain, nous nous lançons à l’assaut du Santa Isabel, un glacier voisin du Nevado Del Ruiz, un des volcans les plus élevés de Los Nevados. Nous avons RDV à 4h30 avec Manu à bord de sa camionnette trafiquée devenue 4x4, indispensable pour accéder au parc national Los Nevados. Jeune homme très marrant, un peu spécial, plutôt tournée vers la fumette, après avoir attrapé sa sœur Natalia, il nous conduit sur une piste complètement défoncée jusqu’à l’entrée du parc. On se tape dans tous les sens. Avant d’arriver au glacier du Santa Isabel, on monte à travers un paramo. Une fois de plus on est donc gâtés niveau paysages, d’autant que cette fois-ci on a le Nevado del Ruiz juste à côté qui en jette carrément. On retrouve les Frailejones typiques des paramos et d’autres plantes endémiques de los Nevados. C’est superbe et bien plus sec que le Paramo de Oceta. On peine un peu niveau respiration alors que Natalia fait ça les doigts dans le nez. On atteint finalement les 4700 mètres d’altitude avec les nuages et les pieds sur la glace. Malheureusement, d’ici 5 ans, le glacier du Santa Isabel aura probablement totalement disparu en raison du réchauffement climatique. C’est le glacier qui fond le plus vite en Colombie. Pour préserver le parc, seule une soixantaine de personnes peuvent y accéder par jour et que quelques jours par semaine. Mais bon, la perte de cet écosystème reste inéluctable. En redescendant, on tombe sur 2 bébés koatis au bord du chemin et leur maman cachée dans l’herbe, une espèce très rare, tellement rare que c’est aussi la première fois pour Natalia et Manu qui sont comme deux enfants en les voyant. On est tout émoustillés !


Avant de dire au revoir à nos deux visiteurs, on décide de se faire un petit hôtel un peu plus cossu que les autres. Pistoche et cour de tennis au très grand calme puisqu’on est tout seuls, on profite une dernière fois de la Zona Cafetera les pieds dans l’eau.


Merci les amis d’être venus !


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