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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Colombie #1 – Des montagnes du Santander au désert de la Guajira


En plus d’être un vaste pays, deux fois la France tout de même, la Colombie est traversée par trois chaines montagneuses, les Andes Orientales, les Andes Occidentales et les Andes Centrales qui lui confèrent un relief escarpé sur une importante partie de son territoire, avec des sommets qui approchent les 6000m. Ce qui n’en facilite pas la visite, tant les routes se font rares ou peu commodes en altitude. Ajoutez à cela la forêt Amazonienne qui recouvre la moitié du pays, quelques déserts, des plaines verdoyantes et deux côtes maritimes sauvages et vous obtenez un précieux, quoi que fragile, écosystème. Unique au monde. Les lieux à découvrir se compte par centaines, il est donc obligatoire d’en mettre de côté pour mieux profiter des autres.


En quittant Javier et Giovana, avec qui nous avons eu un avant goût de la Colombie très prometteur, nous sommes déterminés à profiter des 7 semaines qui nous restent pour en savoir davantage sur ce pays à la fois si chaleureux et pourtant miné par de nombreuses problématiques dont il peine à s’écarter. Cet article et les 2 prochains tenteront d’apporter quelques éclaircissements en aparté, avec nos maigres infos péchées ici et là.


Ainsi donc, le 29 juillet, nous entamons notre première étape, les montagnes du Boyaca, au Nord de Bogota.



Villa de Leyva, le charme à la colombienne


Lieu de villégiature privilégié des Bogotanais de par sa proximité avec la capitale colombienne, Villa de Leyva est une petite ville coloniale méticuleusement préservée. Etroites rues pavées, places fleuries, petits ponts de pierres, maisons coloniales aux poutres apparentes et aux façades d’un blanc resté blanc juste comme il faut, montagnes rases en arrière plan, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Villa de Leyva un incontournable de la Colombie. Et ça se voit, dans le petit centre ville, les ruelles quadrillées accueillent boutiques de souvenirs, de déco, d’artisanat, des bijouteries, des galeries d’art, des restaurants et cafés à destination des touristes de passage. Comme souvent, qui dit endroit charmant, dit tourisme. Bon mais par chance, on tombe sur un moment de basse fréquentation, on profite donc avec plaisir de la ville et de ses faubourgs, un peu moins rutilants mais tout aussi charmants. Nous faisons la connaissance de Antonio Nariño, enfant du pays et précurseur de l’Independencia de la Colombie, puisque c’est lui qui a introduit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dans son pays en 1793 avant d’être arrêté par la couronne. C’est la première fois qu’on entend parler de lui, parce qu’ici, en Colombie, la star, le héros, le demi dieu sur terre c’est Simon Bolivar, l’homme qui a obtenu l’indépendance de l’Espagne en 1819. Par contre, ce héros d’un autre temps en a fait de même pour le Vénézuela, le Panama, la Bolivie, l’Equateur et le Pérou, ce qui fait que la moitié des rues et des places du Continent sont nommées après lui. On mange du Bolivar à toutes les sauces ! Rien à voir avec nos quelques misérables rues Pasteur ou avenues du Général de Gaulle, ici même le pire bouiboui peut s’appeler Simon bolivar.


On s’attarde longtemps sur la place centrale qui forme un carré parfait et dont les dimensions impressionnantes laissent pantois. Elle est d’ailleurs présentée comme étant la plus grande d’Amérique du sud, mais bon on en est pas sûrs car ce genre d’auto proclamation est assez courante. Illuminée le soir, elle brille de mille feux.


Autre curiosité à proximité de la ville, la Casa Terracota. Comme sortie d’un rêve et faite uniquement de terre battue, cette maison à l’architecture improbable a été imaginée par un artiste fondeur assez barré. On a adoré déambuler dans cet espèce de labyrinthe habitable, où l’on marche sur le toit pour accéder d’une pièce à l’autre.



Mongui et le paramo d’Oceta


Plus petit et moins connu que Villa de Leyva mais tout aussi plein de charme, nous empruntons plusieurs bus pour atteindre Mongui, village de montagne auquel je trouve des petits airs tibétains, peut-être en raison des façades des maisons faites de torchis et de bois, blanc, vert, rouge avec des liserés dorés. Le village est en revanche épargnée par la fièvre touristique, tout semble plus authentique.


Mongui vit principalement de l’agriculture et de la fabrication de ballons de football. C’est la capitale del balon rien que ça ! Elle a connue un véritable âge d’or en exportant partout dans le monde jusqu’à ce que le marché s’ouvre à la concurrence. Malgré cela, la production perdure et fait vivre plusieurs familles ce qui représente une centaine de personnes. 300 000 ballons sont produits chaque année et pas n’importe comment, ils sont cousus à la main ! On a pu voir le processus dans le minuscule musée du ballon. Autrement les fabriques ont pignon sur rue et on peut aller y jeter un coup d’œil en même temps qu’à la boutique. Si Mongui est si joli et paisible c’est en partie parce qu’il a été épargné de la présence des FARCS pourtant bien implantés dans le Boyaca. A priori parce qu’un de leurs chefs en était originaire nous dit on. Il n’y a donc pas eu de conflits ni de main basse sur l’économie locale. A l’inverse des villages alentours. Alors certes, c’est bien de découvrir la fabrication de ballon, mais ce qui nous attire ici, c’est surtout le Paramo de Oceta, juste au-dessus du village et selon nous l’un des sites les plus fabuleux de Colombie.


Nous prenons contact avec Juan, un jeune guide local, et programmons notre randonnée pour le lendemain. 6h sonnent au cloché, nous entamons la journée par un petit échauffement en faisant connaissance et partons pour l’ascension. Juan est très branché symbolique indigène et nous inonde de ses connaissances sur le sujet. Il nous détaille les raisons de l’attachement des locaux à la montagne et une partie des rites et croyances liés que certains continuent de perpétuer valeureusement. Nous avons aussi le droit à un passage en revue de l’histoire colombienne. On comprend que les populations indigènes se sont réfugiées dans les montagnes à l’arrivée des espagnols car l’accès était peu aisé pour l’envahisseur.



Sur le paramo, on retrouve une plante endémique facilement identifiable, le Frailejon, une sorte de palmier qui monte jusqu’à 4m et qui a la particularité de capter l’eau dans des quantités extraordinaires au contact des nuages. A partir d’une certaine altitude ce sont des milliers de Frailejones qui recouvrent la montagne à tel point que le sol regorge d’eau. A certains endroits on a l’impression de marcher dans un marécage, de l’eau coule de toute part. Toute la végétation autour de nous n’appartient qu’à ce genre de site, les paramos, qui signifie montagne qui produit de l’eau. La météo n’est pas à notre avantage car nuageuse et même pluvieuse mais qu’importe. Les couleurs qui tirent du doré au bleu en passant par une myriade de verts somptueux valent bien de rester trempés et de faire quelques glissades sur les fesses.


Nous atteignons finalement le sommet à 4000 m en ayant passé plusieurs écosystèmes différents et redescendons à travers des amoncellements d’énormes rochers formant des cavités qui servirent de tombeaux aux indigènes. Il faut se plier en deux pour s’engouffrer à travers leurs parois étroites et continuer la gymnastique en veillant à ne pas s’étaler par terre et ne pas perdre Juan de vue en s’aventurant dans une forêt d’arbustes. D’après la légende, et Juan parait convaincu, l’endroit est peuplé d’Elfes. Attention, interdiction d’uriner sur un páramo sous peine d’attraper de l’herpès. Le spectacle continue, lorsqu’on débouche sur une petite vallée toute aussi humide, où l’on passe à côté d’un lac envahit d’algues multicolores et d’une cascade ravissante. C’est un décor surréaliste tellement les couleurs n’existent pas dans notre réalité.


Les habitants des villages aux alentours se sont déjà battus pour repousser les sociétés pétrolières qui souhaiteraient exploiter le site, espérons qu’ils arrivent à conserver cette nature intacte pendant encore longtemps. Après un petit café réconfortant avec Juan, il ne nous reste plus qu’à faire sécher nos vêtements au coin du feu. S’en remettront-ils un jour ? En tout cas nous, jamais.



San Gil pour le sport, Barichara pour le décor


Malgré un look pas très séduisant, la ville de San Gil, dans le Santander, a son petit charme et surtout il y a de l’action ! Ici, on vient pour les sensations fortes. Pour nous ce sera le rafting sur le Rio Suarez avec 3 autres comparses. Et on a pas été déçus, ça a bien chahuté dans tous les sens. On en a pris plein la face dans un Rio surexcité. On est contents d’arriver entiers et dans la bonne ambiance.


Tout proche, on part visiter un autre haut lieu du tourisme colombien, le village de Barichara, perché sur une montagne comme à la proue d’un navire dans un écrin de nature splendide. On a donc une vue à presque 360° sur la vallée et les montagnes environnantes. A une heure à pied un peu plus bas, nous découvrons Guane, un minuscule village qui parait oublié. Complètement dans son jus alors que Barichara est tiré à quatre épingles. Le cimetière, dont les croix sont plantées comme on sème ouvre sur une vallée profonde et verdoyante. Grandiose.



La Guajira – Sea Sand and Sun, le désert oublié


Changement de décor radical, nous passons du vert au jaune orangé, des montagnes ou plat complet. Nous rejoignons la Guajira, la région la plus au nord de l’Amérique du Sud, un désert aride.


Pour gagner du temps, nous prenons un bus de nuit en milieu d’après-midi. Assis au premier rang du 2ème étage, on profite de la vue panoramique au moment de passer le Canyon Chicamocha. La route étroite et sinueuse nous fait directement plonger sur les pentes raides et blanches des montagnes qui se succèdent. Malgré les petits frissons à chaque croisement ou virage, on en perd pas une miette. S’en suit une nuit gelée, merci la clim ! Ca y est on aperçoit le début du désert et continuons le voyage en taxi collectif sur une piste rectiligne avant d’embarquer dans un pick up chargé de vivres qui réapprovisionne les quelques baraques en bord de route jusqu’à Cabo de la Vela, notre destination. A mesure que nous nous enfonçons dans le désert, la végétation disparait et le sable recouvre les traces. Nous rencontrons quelques habitants, surtout des enfants et des femmes qui appartiennent à la communauté indigène des Wayuus, ce sont les plus pauvres de toute la Colombie.


Le village de Cabo de la Vela se résume à une suite de cabanes de bois en bord de mer et au confort rustique où l’on dort en hamac. Ici l’eau et l’électricité sont rationnés et les prix s’envolent vite. L’environnement est plutôt hostile à l’homme, la chaleur est cuisante, le soleil brulant et le vent incessant et fort ce qui en fait une destination de choix pour le kite surf. Un peu plus loin, on peut admirer depuis le Pilon de Azucar la mer Caraïbe d’un bleu turquoise à perte de vue qui tranche sévèrement avec le désert de la Guajira dont l’horizon est voilé par des nuages de sable. La sensation est assez particulière, c’est à la fois beau et irrémédiablement vide. Le lendemain à l’aube nous reprenons les jeeps en direction de Punta Gallinas, l’extrême nord de la Colombie. Après il n’y a que l’Océan. 4h de trajet à travers des paysages sauvages, entre dunes et lacs asséchés. On a l’impression d’être sur Mars. La jeep est arrêtée à maintes reprises par des cordes tendues très précairement sur la piste par des femmes et des enfants Wayuus pour recevoir un droit de passage. On oublie vite que cet océan de sable aussi infertile et hostile qu’il soit appartient à des gens et ces gens ce sont les Wayuus. Prêts à garder la seule chose qui leur reste et qu’ils se sont vus retirés après avoir été persécutés et massacrés par les paramilitaires afin de débarrasser la zone proche de la frontière vénézuélienne, ils tentent comme ils peuvent d’en rester les propriétaires. Peu informés, on se sent mal à chaque barrière de fortune même si le chauffeur leur donne ici et là une ration de café, une pomme ou du soda pour payer ce droit de passage qui nous évoque davantage un rappel du droit à l’existence.


La Jeep finit par nous déposer à un embarcadère où nous prenons une pirogue qui nous amène à travers la mangrove à l’un des deux seuls sites qui accueillent des touristes. Ici pas d’eau potable, les douches se font à l’eau salée et l’électricité est fournie par quelques panneaux solaires. Cette fois ci nous sommes vraiment perdus dans l’immensité. Quelques Wayuus vivent ici avec quelques chèvres rachitiques. On se demande ce qui les retient ici, tant leur précarité est grande mais apparemment leur irrésistible attachement à leur terre l’est plus. Ici on découvre de vastes étendues de mers et de terre, des canyons et des dunes, jaune au zénith, ocre au coucher du soleil, des falaises rougeoyantes, des cactus en pagaille, un ciel brillant d’étoiles et un silence complet. Une atmosphère hors du commun.



Minca, hello les oiseaux


Nouveau périple pour repartir de Punta Gallinas et rejoindre notre dernière étape avant de retrouver nos deux petits amis Paul et Catherine, Minca. Situé sur les hauteurs de Santa Marta, dans l’Etat de Magdalena, Minca est caché par une végétation épaisse à flanc de montagnes et à part à pied ou en moto, il est difficile d’aller plus haut. Pendant 2 jours nous arpentons les alentours en improvisant des randonnées dans l’espoir d’apercevoir des toucans et autres oiseaux exotiques (il y en a pléthore), ou tout simplement pour admirer un coucher de soleil sur la mer en contre bas. Par contre, ce sont les moustiques qui en profitent aussi pour bien nous assassiner !



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