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  • Photo du rédacteurM&S Brichart

Portrait #1 - Luc, le visionnaire givré et bienheureux

Dernière mise à jour : 2 oct. 2018


C’est avec un grand sourire accentué par des yeux d’un bleu vif et un teint halé que nous a accueilli Luc, installé depuis 13 ans dans la pampa la plus totale entre Tizimin et San Felipe dans le Yucatan.

 

Ce belge de 56 ans, flamand de naissance (ne nous parle qu’en anglais), citoyen hors du monde et personnalité unique en son genre, nous a ouvert son ranch pendant une semaine et fait découvrir son mode de vie peu commun. Personnage atypique, touchant et sympathique, Luc est un genre d’Alexander Supertramp, rebelle, minimaliste, écologiste, altermondialiste, en quête perpétuelle d’on ne sait quoi. Drôle et bavard, c’est au travers mille anecdotes et histoires qu’il nous expose sa vie, véritable feuilleton dont on a peine à suivre le fil.


Originaire d’Anvers, Luc émigre aux Etats-Unis dès sa majorité, en grande partie pour fuir sa famille et son pays dans lesquels il ne se reconnait pas. Traumatisé par son service militaire de 15 mois durant lequel il a visiblement beaucoup souffert, il cherche absolument une porte de sortie. Issu d’une famille relativement aisée, sa grand-mère subventionne ses études en Californie puis au Texas où il désire s’établir durablement. Mais, pas de chance, n’étant pas citoyen américain, il ne peut travailler légalement aux USA. Qu’à cela ne tienne, une amie américaine lui propose de l’épouser pour régulariser sa situation. Ni une ni deux, les voilà à Las Vegas, devant le King Elvis, qui les uni pour la vie... Il vit pendant quelques temps dans la crainte d’un contrôle par les autorités pour vérifier la réalité de ce couple bidon, mais une fois la « green card » délivrée, Luc respire de nouveau. Il travaille alors pendant plusieurs années en tant qu’ingénieur à Houston (on n’a pas bien compris dans quoi). A la suite de cela, il monte son propre business dans l’informatique en tant que sous-traitant auprès de compagnies pétrolières. Mais Luc est un esprit troublé qui parait être en désaccord avec nombreux principes suivis par notre société moderne. Il nous dit alors que le coup fatal qui amorça définitivement la rupture fut la légalisation à grande échelle des OGM aux USA.


De nouveau Luc fuit et souhaite se retirer de cette société de consommation, vivre à son rythme et le plus possible de ce qu’il produit lui-même. Après avoir voyagé un peu partout, il se pose finalement au Mexique, dans le Yucatan où toutes les conditions essentielles pour lui sont rassemblées.


C’est tout seul, ou parfois aidé par des volontaires comme nous, qu’il a construit mur après mur sa maison, son potager, son mobilier, les systèmes d’approvisionnement, etc. Autonome en eau et énergie, Luc invente constamment de nouveaux systèmes pour pallier aux contraintes de la vie en autonomie. On est bluffé par sa capacité à innover pour cuisiner, pour se chauffer, pour avoir de l’eau potable, pour produire des fruits et légumes dans une terre hyper hostile. Mais malgré cela, on ne peut s’empêcher de ce demander comment un homme comme lui avec ses antécédents plutôt classiques, peut vivre pendant des semaines quasiment toujours seul, sans réseau, sans internet, ni télé. On ressent bien chez lui une certaine mélancolie, mais il nous assure être bien plus heureux ici, seul, qu’en ville dans le bruit et les ennuis. Et quand on lui demande ce qu’il voit pour la suite, pas de réponse, tout est possible. La seule chose dont il est sûr c’est qu’il ne pourra jamais se passer de gouda et d’huile de coco. Soit.


A noter tout de même que Luc à dernièrement brûlé son passeport (ennuyé par l’administration belge insistante) et qu’il va clôturer très prochainement son dernier compte bancaire. De quoi faire vaciller plus d’un d’entre nous.


Chaleureux et bienveillant, ce fut un plaisir de donner un coup de main à ce personnage plein de ressources et avec qui nous avons passé un très bon moment.


Hasta luego Luc.

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